« Le projet de loi gouvernemental ne saurait représenter une alternative “acceptable” à la proposition des Républicains »

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C’est une petite musique qui monte ces dernières semaines, chez certains responsables politiques comme dans les médias. La situation migratoire actuelle serait à ce point devenue insupportable qu’il faudrait prendre des mesures urgentes, même si attentatoires au droit international.

C’est le sens des propositions de loi déposées fin mai par le parti Les Républicains (LR), dont les fondements tirent clairement leurs sources dans les discours les plus identitaires de l’échiquier politique. « Ce qui est en jeu, c’est la subsistance de notre nation, sa cohésion », comme l’a ainsi présenté le président de LR, Eric Ciotti, dans Le Journal du dimanche (JDD) du 21 mai.

Travailleuses et travailleurs d’origine étrangère en situation régulière ou non, personnes réfugiées ou en demande d’asile, étudiantes et étudiants, familles séparées voulant se retrouver : toutes et tous devraient à leurs yeux payer pour une situation de crise économique, sociale, et même sociétale, dont ils sont naturellement désignés comme les premiers boucs émissaires.

Argumentaire facile, simple, voire simpliste

Comme le résume un de ses promoteurs, Bruno Retailleau, dans le même numéro de l’hebdomadaire dominical, « le chaos migratoire conduit à l’insécurité, à la partition et au chaos politique ». Argumentaire facile, simple, voire simpliste, et ne devant souffrir d’aucune contestation, d’autant que les premiers concernés ne peuvent pas se défendre avec les mêmes armes médiatiques.

Même si les études successives démentent ces idées reçues, même s’il a été démontré à de nombreuses reprises que le système français était loin d’être une impasse en matière d’intégration (cf. « Ressentis par rapport à la migration et sentiment d’intégration », Insee, 30 mars 2023), le traitement de certains éditorialistes et l’agressivité désormais libre de tout contrôle sur certains réseaux sociaux alimentent en permanence cette course à l’échalote dans le catalogue de propositions anti-immigration.

Rétablissement du délit de « séjour clandestin », durcissement des conditions d’accès aux prestations sociales, à l’aide médicale d’Etat et au regroupement familial, enfermement des demandeurs d’asile sur le territoire et traitement de leurs demandes seulement aux frontières ou dans les consulats : nombre de ces mesures proposées par Les Républicains sont contraires aux engagements de la France sur les droits humains au niveau européen et international. Mais cela ne dérange pas leurs auteurs, qui revendiquent même cette régression comme un moyen, selon Eric Ciotti, de faire « sauter les verrous qui contredisent la volonté populaire ».

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