En Bretagne, une vague de violence d’extrême droite suscite le malaise des élus

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Manifestation de l’extrême droite contre le projet de centre d’accueil de migrants, à Callac (Côtes-d’Armor), le 5 novembre 2022.

Ce mardi 6 juin, à Rennes, Fabrice Lerestif, secrétaire départemental de Force ouvrière (FO), défile parmi les milliers de manifestants opposés à la réforme des retraites. Après quelques salves contre « Macron » et « les erreurs de l’intersyndicale », il laisse apparaître une mine soucieuse. Le sexagénaire est « sur [s]es gardes ». Pour la première fois de sa carrière de syndicaliste, un « camarade » le suit pour assurer sa sécurité. A FO, on prend au sérieux les menaces de militants d’extrême droite. D’autant que la veille, cinq colleurs d’affiches de La France insoumise (LFI) et du Parti de gauche ont été agressés à coups de batte de baseball. « Les fascistes font actuellement preuve d’une violence débridée. Je refuse de leur laisser le moindre espace et de céder à la peur », martèle Fabrice Lerestif.

Ces derniers mois, les plaintes à la suite de violences commises par des militants d’extrême droite s’accumulent en Bretagne : insultes en ligne, diffusion de tracts racistes, alerte à la bombe, croix gammées taguées, agressions physiques, perturbations de spectacles, menaces de mort et déstabilisations d’élus locaux… Dans la péninsule où le vote d’extrême droite est le plus faible du pays, cette recrudescence de brutalité provoque un malaise au sein des responsables politiques.

Peu d’élus s’en inquiètent publiquement alors que nombre d’entre eux s’empressent de dénoncer, par exemple, les manœuvres d’écologistes ayant conduit, fin mai, à l’arrêt du projet d’usine Bridor, à Liffré (Ille-et-Vilaine). « Une certaine banalisation des violences d’extrême droite s’est, peut-être, installée dans un climat de tensions sociales généralisées. On hésite entre dénoncer fermement ces actes et les taire pour éviter d’alimenter un buzz que leurs auteurs espèrent », tâtonne Tristan Bréhier, conseiller régional (Renaissance) et président dans le Finistère du parti présidentiel.

M. Bréhier n’a pas fait le court déplacement, mercredi 24 mai, à Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique) pour se joindre au rassemblement en soutien à Yannick Morez, maire de la commune. Après des mois de menaces et de violences déclenchées par l’annonce du transfert d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile dans la station balnéaire, l’élu a démissionné. Considérant qu’il avait été « abandonné » par l’Etat, notamment après l’incendie volontaire de ses deux voitures, en mars, il est devenu le symbole des élus victimes de violence notamment d’extrême droite.

Croix gammées à Rostrenen

Parmi les rares Bretons à marcher, ce 24 mai, avec les cadres nationaux de la Nupes : Jean-Yves Rolland, maire (sans étiquette) de Callac (Côtes-d’Armor). Lui aussi a affronté l’ire de l’extrême droite contre son projet d’accueil des réfugiés, censé redynamiser sa commune de 2 200 habitants. Au cours du second semestre 2022, il a été la cible de campagnes de déstabilisation publiées sur des sites d’extrême droite puis de menaces et d’insultes dans les rues du village.

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