« L’“écologie du bon sens” de l’extrême droite devient la nouvelle bannière de ces troupes qui veulent la peau des écologistes »

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L’écologie est partout, réjouissons-nous ! Mais les écologistes commettraient une grossière erreur en pensant que le choix politique de l’extrême droite de prioriser l’écologie plutôt que l’immigration comme thème de campagne serait la confirmation de leur victoire culturelle.

Si cet hommage du vice à la vertu, aussi opportuniste que réfléchi, confirme en effet la place que tient l’écologie dans les préoccupations des Français, il lui assigne en même temps le statut d’ennemi à abattre pour une bonne partie de la société, toute à sa joie de trouver là un allié de poids au service de ses intérêts.

Les « dénialistes » de tout poil vont désormais pouvoir exprimer, encore plus haut, encore plus fort, leur haine des écologistes, accusés, en boucle, d’être « aveuglés par leur sectarisme » et d’empêcher leur monde de tourner. Les caciques de l’agroalimentaire et du productivisme agricole, aux méthodes mafieuses pour faire taire leurs opposants, les lobbys de la chimie, des énergies fossiles et du nucléaire, la droite qui peste contre les éoliennes et traite les écologistes d’« écoterroristes », les libéraux macronistes qui ne croient qu’au technosolutionnisme et au marché… Tous vont profiter plus que jamais d’un tel alignement des planètes.

Menace d’une double mise en abyme

Au moment où la crise écologique fragilise chaque jour un peu plus les conditions de vie de l’ensemble de l’humanité et du vivant, la coalition du déni se renforce pour faire obstacle à toutes les réformes démocratiques de nos modes de vie et de production. Rapport après rapport, les scientifiques rappellent pourtant leur urgence.

Nous sommes devant la menace d’une double mise en abyme, environnementale et démocratique : quand la « maison » ne sera plus qu’une ruine à rafistoler, il n’y aura de place que pour la contrainte et la limitation autoritaire de nos libertés. Voilà où risque de nous conduire l’« écologie du bon sens » de l’extrême droite. Elle n’est plus une simple déclinaison des refrains sur les mérites de l’écologie « pragmatique » ou « réaliste », versus l’écologie « punitive », chantés pendant des décennies par les chœurs de droite, de gauche et du centre. Elle devient la nouvelle bannière de ces troupes qui veulent la peau des écologistes.

Car nous en sommes là : jamais le niveau de détestation entre les écologistes et leurs ennemis n’a été aussi élevé qu’aujourd’hui. C’est ce que l’extrême droite s’apprête à instrumentaliser en lieu et place de ses thèmes traditionnels.

A qui la faute ? L’attribuer aux seuls ennemis des écologistes ou aux médias, malades du poison de la simplification, à la recherche obsessionnelle de l’affrontement plutôt que du débat, serait faire preuve de cécité politique. Les écologistes, d’hier comme d’aujourd’hui, portent leur part de responsabilité dans cette situation explosive où il est devenu impossible d’établir des passerelles avec des milieux qui les ont proscrits ; celui de l’agriculture, par exemple. L’extrême droite et ses alliés auront beau jeu d’exalter la « ruralité du bon sens » – comme l’avaient fait avant eux les chasseurs de CPNT (Chasse, pêche, nature et traditions) – contre les « théories des bobos nantis des villes » ; les uns seraient enracinés dans « la terre qui ne ment pas » et les autres, perdus dans le hors-sol du « mondialisme ».

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