Financement libyen : que dit l’ordonnance ?

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Voici ce que contient l’ordonnance renvoyant Nicolas Sarkozy en procès dans l’affaire des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle 2007.






Par I.M. avec AFP


Nicolas Sarkozy et 12 autres personnes sont renvoyes en proces en 2025 pour des soupcons de financement libyen de la campagne presidentielle 2007.
Nicolas Sarkozy et 12 autres personnes sont renvoyés en procès en 2025 pour des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle 2007.
© BERTRAND GUAY / AFP

Deux magistates financières ont signé jeudi 24 août une ordonnance renvoyant Nicolas Sarkozy ainsi que douze personnes en procès à Paris début 2025 pour des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle 2007 de l’ex-président. Des accusations démenties par l’ancien chef d’Etat et par la plupart des protagonistes de l’affaire. Voici les principaux éléments contenus dans les 557 pages de cette ordonnance.

Le « pacte de corruption »

« Il apparaît qu’un pacte de corruption a été noué entre Nicolas Sarkozy et Mouammar Kadhafi aux fins de financement de l’élection du premier » en échanges de « contreparties à la fois diplomatiques, économiques et judiciaires » au bénéfice du régime libyen. « Un ensemble de témoignages convergents d’anciens dignitaires libyens attestent » cela.

« Plusieurs proches de Nicolas Sarkozy ont, avec constance, agi en qualité d’intermédiaires, tantôt officiels (Claude Guéant et Brice Hortefeux) tantôt officieux (Alexandre Djouhri et Ziad Takieddine) afin d’obtenir des soutiens financiers des autorités libyennes ». « Ces agissements qui, la plupart du temps, étaient initiés par des proches de Nicolas Sarkozy ne pouvaient, par nature, être engagés sans l’aval et la parfaite connaissance de cause de ce dernier ».

Ni « complot » ni « machination »

« La thèse d’une machination destinée à nuire à Nicolas Sarkozy pour le punir d’avoir conduit la coalition (en 2011) contre le régime de Mouammar Kadhafi, ne résiste pas à l’analyse. Il est assez peu vraisemblable qu’un aussi grand nombre d’officiels libyens, aux intérêts parfois contradictoires après la chute du régime, aient fait des déclarations convergentes sur un tel sujet. » Cette hypothèse « paraît infirmée par l’ensemble des témoignages et éléments de sources très diverses qui ont été relevés. »

« Même s’il est indéniable que Nicolas Sarkozy a eu un rôle actif dans le déclenchement de l’opération » occidentale en Libye en 2011 pour contrecarrer la répression de la révolte populaire, « il sera rappelé que l’intervention était une opération militaire multinationale (…). Or, aucun autre chef d’Etat, y compris les plus engagés dans le conflit, n’a subi la moindre accusation du régime », des imputations qui dès lors « pourraient s’expliquer par le sentiment de certains dirigeants libyens d’avoir été +trahis+ par un homme politique qu’ils estimaient leur être redevable ».

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« Imaginer que (l’intermédiaire franco-libanais, ndlr) Ziad Takieddine aurait pu manipuler Mouammar Kadhafi et Nicolas Sarkozy et faire croire au premier que le second sollicitait son aide financière, de manière à capter les fonds ainsi alloués est tout simplement invraisemblable, Ziad Takieddine ayant toujours fait montre d’une parfaite rationalité dans la conduite de ses affaires outre le danger pour sa sécurité qu’une telle attitude aurait entraîné. »

Des preuves matérielles ?

Les investigations ont mis au jour « des circuits opaques de circulation de fonds libyens ayant abouti, in fine, à des décaisses d’espèces dans une temporalité et une chronologie compatibles avec un usage occulte lors de la campagne électorale de 2007 ».

« Même si l’on considère que la campagne 2012 a été d’une ampleur légèrement supérieure à celle de 2007, on peut raisonnablement estimer que le dépassement mis au jour en 2012 (plus de 20 millions d’euros) et payé en la circonstance par l’endettement de l’UMP faute de financements extérieurs, a également existé en 2007, mais qu’il avait été financé par des apports externes dont le principal pourrait avoir été l’argent libyen ».

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« Différents témoignages recueillis, en particulier libyens, permettaient d’envisager deux canaux de financements : le premier via des espèces remises par Bechir Saleh (alors directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, ndlr), le deuxième au travers de virements effectués sur instructions d’Abdallah Senoussi (alors chef des renseignements militaires, ndlr). Ces deux canaux étaient évoqués par plusieurs témoignages et corroborés, pour chacun par des éléments contemporains des faits. »

Cependant, « aucune remise d’espèces n’a été objectivée à Nicolas Sarkozy » et « aucun enrichissement personnel » de ce dernier n’a été révélé au cours de l’information judiciaire « contrairement à ce qui a pu être constaté pour Claude Guéant ou Ziad Takieddine ».

Les « contreparties »

L’ordonnance liste les « contreparties à la fois diplomatiques (concourir à la sortie de l’isolement de Mouammar Kadhafi et à la restauration de l’image internationale de la Libye à travers, notamment, la libération des infirmières bulgares), économiques (à travers différents contrats d’envergure entre la Libye et des sociétés françaises) ou judiciaires (tractations sur le réexamen de la situation judiciaire d’Abdallah Senoussi, gendre et proche de Mouammar Kadhafi) ».

« Même si les contreparties sont restées à l’état de promesse, comme la possibilité de faire lever le mandat d’arrêt d’Abdallah Senoussi, cela est indifférent à la caractérisation de l’infraction ».




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