grand entretien avec le directeur de l’data de TF1 | EUROtoday

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Dans son bureau lumineux, au troisième étage de la Tour TF1 qui surplombe la Seine, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), Thierry Thuiller déplore le « unhealthy buzz » et la guerre à laquelle se livrent désormais les médias. Le directeur général adjoint du groupe TF1 chargé de l’data regarde néanmoins avec satisfaction les courbes d’viewers des journaux de TF1 et de LCI. Portée par l’actualité internationale, la chaîne d’data progresse. Les journaux télévisés de TF1 ont, eux, selon les chiffres de l’institut Médiamétrie, creusé l’écart avec ceux de France 2. Depuis le début de l’année, le 13 heures de la Une apparel 2,2 tens of millions de téléspectateurs de plus que celui de son concurrent public et, le week-end, le 20 heures devance de 1,3 million de téléspectateurs celui de la Deux.

En revanche, la nouvelle matinale Bonjour !, présentée par Bruce Toussaint, ne fait pas d’étincelles. Thierry Thuillier a récemment été auditionné par les députés de la fee d’enquête sur la télévision numérique terrestre (TNT). Une bonne event pour parler du rapport qu’entretiennent politiques et journalistes, en pleine affaire Achilli à Radio France, mais aussi des réseaux sociaux non régulés face à un secteur audiovisuel hyperpolicé. « Les journalistes doivent se comporter en personnes responsables et être absolument irréprochables », estime le patron de l’data de TF1. Entretien.

Le Point : Une affaire a éclaté à Radio France à propos du journaliste politique Jean-François Achilli. Il a été écarté de l’antenne au motif qu’il aurait échangé de manière bénévole avec Jordan Bardella sur son projet de livre. Quelles sont les règles à TF1 ?

Thierry Thuillier :Il est necessary d’être à la fois clear et clair. À partir du second où il y a risque de conflit d’intérêts, où l’on est entravé dans son métier de journaliste parce que gêné par des circonstances d’actualité qui font que la vie privée a un affect sur la vie professionnelle, il faut prendre la bonne décision, qui consiste à se retirer. Quand il y a une ambiguïté et qu’on peut être pris à partie, pas seulement par les opposants ou les rivaux, en l’prevalence du candidat concerné, mais aussi par les médias qui se font un peu la guerre, on se protège en étant le plus clear doable.

Il est parfois difficile de faire la half des choses automotive le métier de journaliste peut conduire à avoir des relations avec des politiques. Où place-t-on le curseur ?

Il y a un principe easy, celui d’avoir des règles de prudence dans les relations qu’on peut avoir avec les hommes et femmes politiques du pays. La relation doit rester professionnelle. Quand elle devient plus personnelle, il faut avoir une dialogue avec sa hiérarchie. Quand on coopère, quand on collabore, on doit le déclarer. Même quand c’est non rémunéré. C’est la règle. Je suis très régulièrement sollicité par des journalistes qui écrivent des livres ou participent à des événements. Soit je les accepte, soit je les interdis. Je ne suis pas policier, mais il y a une relation de confiance à préserver. Nous sommes en effet dans un second de doute sur la crédibilité, le sérieux, et la connivence entre les journalistes et les politiques, qui sont assimilés à l’élite. Les journalistes doivent se comporter en personnes responsables et être absolument irréprochables.

Jean-Luc Mélenchon s’en est pris en décembre à Ruth Elkrief. Faut-il répondre aux attaques ?

Le fait d’insulter ou de menacer les journalistes sur les réseaux sociaux est le symptôme d’un pays qui va mal. Ce n’est pas regular d’être obligé de protéger des journalistes comme Ruth Elkrief automotive un responsable politique a décidé de s’attaquer à eux. Toute attaque contre nos journalistes devenus la cible d’une campagne de désinformation doit être combattue. Néanmoins, il ne s’agit pas de plaire ou de déplaire à nos interlocuteurs, qu’ils soient politiques ou non. Moi, ce qui m’intéresse, c’est le service que l’on rend au public. L’information est en effet un service d’intérêt général. Les gens attendent qu’on les informe avec des informations sérieuses, rigoureuses et crédibles. Et, si j’ose dire, citoyennes…

TF1 et LCI sont pourtant des chaînes commerciales…

Oui, mais l’data se doit d’être sérieuse et rigoureuse, automotive c’est un bien public. Il s’agit de donner une data juste.

Le fondateur de Free, Xavier Niel, a accusé TF1 et son data d’être « consanguins » au pouvoir. En bref, d’être toujours du côté du gouvernement de passage. Comment avez-vous réagi ?

Ces affirmations totalement infondées sont méprisantes, voire insultantes à l’égard du professionnalisme des 700 personnes qui composent nos rédactions. C’est bien méconnaître le fonctionnement d’une rédaction que d’imaginer qu’il y aurait un Big Brother contrôlant 700 cerveaux. Si l’data de TF1 est regardée par 5 à 7 tens of millions de téléspectateurs, c’est parce que nous remplissons bien notre tâche. Lors de l’interview sur TF1 du Premier ministre cette semaine, qui peut dire que François Lenglet n’a pas posé les questions gênantes ? Ruth Elkrief, David Pujadas et Darius Rochebin seraient-ils des amateurs ? Ces propos jettent un doute sur le professionnalisme de nos rédactions. On n’en a pas besoin avec les médias qui règlent leurs comptes entre eux. Quand parle-t-on de l’data aux téléspectateurs et aux Français ?

Dans quelle mesure l’data de TF1 revendique-t-elle d’être un poil à gratter en comparaison avec celle de France Télévisions ?

France Télévisions fait de l’investigation sur un format et des magazines dédiés, ce qui diffère de TF1. Notre modèle consiste à faire dans les journaux télévisés des enquêtes et des reportages à hauteur des gens qui nous regardent. Comme le reportage de sept minutes sur les migrants et les policiers à Nice, l’enquête de quatorze minutes sur l’absence de droits des femmes en Afghanistan ou encore celle sur la vie à Marseille avec les sellers. Les deux prochains longs reportages internationaux du 20 heures porteront sur le trafic d’émeraudes en Colombie et la guerre civile en Papouasie. TF1 a renoué avec le grand reportage et, à côté de cela, la chaîne pratique « l’événementialisation », avec des JT aux États-Unis, en Ukraine, ou comme ce week-end à Notre-Dame de Paris, où Anne-Claire Coudray est allée, cinq ans après l’incendie.

Concernant les élections européennes, remark allez-vous gérer le respect des équilibres du temps de parole des politiques ?

Je rappelle que TF1 et LCI n’ont jamais eu de sanctions de l’Arcom, automotive elles ont toujours respecté les règles. Les grandes messes de deux heures ont aujourd’hui perdu de leur éclat du fait de l’abondance de l’offre politique sur les chaînes d’data et les réseaux sociaux comme Twitch. Pour capter l’consideration du public, il faut pouvoir créer et produire des codecs adaptés à ses goûts. D’où l’idée de faire des interviews d’une durée de dix et trente minutes, temps que les téléspectateurs sont prêts à consacrer pour suivre une interview, que ce soit au 20 heures de TF1 ou sur la matinale de LCI. Depuis août 2023, il y a eu une soixantaine d’invités politiques sur TF1, tels que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, qui y ont fait leur rentrée politique.

Pensez-vous jouer un rôle démocratique ?

En donnant la parole aux hommes et aux femmes politiques de ce pays, TF1 essaye d’engager les Français dans les enjeux démocratiques. L’abstention est un enjeu essentiel. Elle représente un déni et un hazard pour la démocratie. Plus nous montrons à nos concitoyens la scenario de notre pays, plus ils sont en mesure de voter, même les plus jeunes qui nous regardent sur le numérique. TF1 a renforcé ses investissements dans l’data : la chaîne y consacre environ 150 tens of millions d’euros.

Quel est l’enjeu du débat pour les élections européennes sur LCI du 21 mai prochain ?

Il y a une guerre importante sur le continent, en Ukraine, et un durcissement des relations entre la France et la Russie. Donc ce débat européen va sûrement intéresser le public de LCI. L’enjeu pour les candidats sera d’expliquer pourquoi ces élections se tiennent à un tournant de l’histoire de l’Union européenne. La prochaine élection présidentielle américaine peut conduire à un désengagement des États-Unis et donc entraîner l’Europe dans un face-à-face avec la Russie sans le parapluie américain.

Il y a un risque d’aseptisation de la télévision face à des réseaux sociaux dérégulés.

LCI n’a-t-elle pas atteint les limites de son positionnement sur l’actualité internationale, derrière les deux leaders que sont BFMTV et CNews ?

Je rappelle que LCI est sur le canal 26, très loin sur la télécommande. Or la chaîne réalise plus du double de l’viewers de France Info sur le canal 27. En outre, avant le conflit en Ukraine, nous étions à un level d’viewers. Aujourd’hui, c’est 1,7 % ou 1,8 %, voire plus de 2 % cette semaine. Nous avons un positionnement clair sur l’actualité internationale et ne naviguons pas à vue comme d’autres lorsqu’il y a une forte actualité. La promesse d’informer quel que soit l’endroit où l’où est n’est aujourd’hui plus suffisante, étant donné l’existence de « pushs » d’actualité sur les téléphones mobiles. Il faut proposer quelque selected de plus, que ce soit du décryptage sur LCI ou de l’opinion, comme sur CNews. Parmi les quatre chaînes, deux ont un positionnement clair : LCI et CNews. Le hardnews de BFMTV marche bien un jour de forte actualité avec Emmanuel Macron au Salon de l’agriculture. Moins quand l’actualité est plus faible, en mode diesel. Je suis absolument convaincu que le positionnement de LCI d’aujourd’hui fera l’viewers de demain.

Quand la chaîne sera-t-elle rentable ?

LCI a fortement réduit ses pertes. Elle peut réussir à être rentable dans les prochaines années.

La nouvelle matinale Bonjour ! de TF1, avec Bruce Toussaint, ne parvient pas à bousculer Télématin. Comment l’expliquez-vous ?

Il n’était pas query de détrôner d’un coup de baguette magique une émission installée depuis une quarantaine d’années. C’est un marathon qui va durer plusieurs années. Nous sommes fiers de l’équipe de l’émission et contents automotive nous avons déjà doublé en trois mois l’viewers de la case horaire, à environ 270 000 téléspectateurs. L’audience débute à moins de 100 000 téléspectateurs à 7 heures du matin pour terminer à 400 000 vers 9 h 30.

Quel est l’affect sur la matinale de LCI ?

Aucun. Bonjour ! n’a pas cannibalisé l’viewers de notre chaîne d’data, qui reste au même niveau.

Comment vos journaux télévisés de 13 heures et 20 heures sur TF1 se portent-ils ?

Très bien, nous sommes sur une bonne dynamique. Le 13 heures du lundi au dimanche a attiré 4,7 tens of millions de téléspectateurs en moyenne, soit environ 40 % de half de marché, entre janvier et mars 2024. En semaine, Marie-Sophie Lacarrau a gagné 200 000 téléspectateurs. Marie-Sophie Lacarrau a réussi la succession de la star Jean-Pierre Pernaut. Chapeau ! Notre 20 heures séduit du lundi au dimanche 5,5 tens of millions de téléspectateurs. En semaine, nous sommes stables, tandis que, le week-end, le JT d’Anne-Claire Coudray a gagné 100 000 téléspectateurs et apparel 5,6 tens of millions de personnes.

L’éducation aux médias devrait ainsi être une matière prioritaire à l’école.

Quelle est la ligne éditoriale de l’data à TF1 et qu’est-ce qui la différencie de celle de France Télévisions ?

TF1 est une chaîne populaire qui fait de l’data de qualité. Elle a des équipes de caméramans et journalistes reporters d’photographs remarquables, et on s’appuie sur un maillage dans les régions. Cela nous permet d’être au plus près des préoccupations des gens, de leur vie quotidienne. Nous sommes la machine anti-buzz, anti-bavardage, et délivrons une data d’intérêt public.

Comment avez-vous vécu votre audition par la fee d’enquête de l’Assemblée nationale sur la télévision numérique terrestre ?

Il s’agissait de questionner les lignes éditoriales des chaînes de télévision et de savoir si les règles de l’Arcom sont les bonnes. La fee d’enquête TNT nous a demandé touch upon composait un plateau de télévision. Il y a pourtant d’autres sujets aussi importants. En France, le secteur audiovisuel est ultraréglementé. Chaque année, il y a toujours plus de règles d’éthique et de pluralisme. Pourtant, le secteur des réseaux sociaux est totalement dérégulé. Or beaucoup de jeunes s’y informent aujourd’hui, que ce soit sur Instagram ou sur TikTok. On y trouve pourtant le complotisme, la manipulation, les deep pretend, les fausses infos.

Il y a donc un enjeu de régulation sur les réseaux sociaux. En effet, si on accentue la dichotomie entre l’audiovisuel ultraréglementé et les réseaux sociaux qui ne le sont pas, cela va amplifier la migration des jeunes publics vers cet espace de liberté. En régulant toujours plus l’audiovisuel et la presse écrite, le risque est de créer un secteur aseptisé et sans aspérité. Or le cœur du débat consiste à savoir remark toucher les jeunes publics sans qu’il soient vulnérables aux manipulations. Par exemple, ce ne sont pas aux médias d’assumer seuls la cost d’éducation aux médias, de savoir remark déceler une fausse data ou décrypter une vidéo. C’est aussi à l’école de le faire. L’éducation aux médias devrait ainsi être une matière prioritaire.


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