« Je ne suis pas Émile Louis, quand même ! » | EUROtoday
C‘est son jour. Gérard Depardieu doit s’exprimer. Enfin, il va donner publiquement sa model. Lorsqu’il entre dans la salle d’viewers de la 10e chambre du tribunal correctionnel de Paris, ce mardi 25 mars, il semble en forme, alerte, malgré une gêne manifeste pour se déplacer. Même tenue que la veille, veste et baskets noires. Il embrasse le fils adolescent de son avocat Jérémie Assous, venu regarder son père plaider, en le qualifiant gentiment de « voyou ». Il regarde son banc, heureux de retrouver des soutiens identiques à la veille : Karine Silla, son ex-compagne, le mari de cette dernière, Vincent Perez, l’autrice et amie du couple Émilie Frèche. Deux nouveaux venus complètent le panel, la réalisatrice Lisa Azuelos et l’écrivain David Foenkinos, ici pour assister à l’viewers à l’invitation de l’écrivaine.
Roxane Depardieu, sa fille, les rejoindra dans la matinée. Magda Vavrusova, son épouse, se tient non loin. La première journée d’viewers fut électrique, tendue, trop longue, mal maîtrisée par un président qui a laissé filer des débats interminables sur une éventuelle nullité de procédure ou des demandes d’actes formulées par Me Assous. D’où le retard accumulé, automobile l’viewers ne devait pas excéder deux fois six heures en deux jours, en raison des pathologies dont souffre Depardieu. Après le rappel des faits, il est accusé d’avoir agressé sexuellement deux femmes pendant le tournage des Volets verts, Cyrano s’avance à la barre. On lui dépose son dice de Machino habituel, pour qu’il soit à l’aise, assis, comme lorsqu’il patiente pendant ses tournages.
Que s’est passé dans cet appartement ?
Dans la salle, Charlotte Arnould, qui a porté plante pour viol contre le comédien en 2018, côtoie l’actrice Anouk Grinberg et Coline Berry, fille de Richard Berry qui a accusé ce dernier d’inceste. La salle est pleine. Chacun attend les mots du mis en trigger. Que s’est-il passé le vendredi 10 septembre 2021 dans cet appartement cossu de l’avenue Mozart vers 16 heures ? Depardieu, posé sur son dice dans le couloir, a-t-il agressé l’assemblière de 51 ans ? Ou était-il placé exactement ? Me Assous, gominé et tonique, énervant, n’aura de cesse d’y revenir pour mettre en doute le témoignage de la plaignante.
À LIRE AUSSI Depardieu, la contre-attaqueGérard Depardieu start par une déclaration préalable : « C’est très émotionnant d’avoir assisté hier… Il y avait des tas de mots que je ne comprenais pas, mais je comprenais des tas d’énervements. Je vais faire court docket. J’ai fait Les Valseuses, je suis allé en Amérique alors que je ne parle pas anglais, j’ai eu tort de croire que je pouvais parler anglais. Je me suis retrouvé dans le Time Magazine qui indiquait que je participais à des viols […] ça a commencé ma réputation de voyou à Châteauroux, les viols, la boisson… J’ai fait 250 movies, j’ai travaillé avec Peter Handke, […], Ricardo Muti à Salzbourg, en Amérique, j’ai côtoyé beaucoup de gens importants, moins importants, et ce sont les moins importants qui m’intéressent… » Il proceed en disant qu’il adore la nature russe, digresse sur la vulgarité, avant de revenir sur la genèse de la fabrication des Volets verts. Il digresse maintenant sur Anouk Grinberg, qu’il a connue « follement heureuse » pendant Merci la vie, movie de son compagnon d’alors, Bertrand Blier.
Un épisode de son récit décrit parfaitement son pouvoir. Lorsque les producteurs des Volets, Laurent Pétin et Michèle Halberstadt, le préviennent, le premier jour à la cantine que, en raison du coût de ce movie, 5 hundreds of thousands d’euros, ils ne peuvent plus mettre en route le prochain long-métrage de son amie Fanny Ardant, dans lequel il devait jouer, Depardieu se met en rogne : « Tu me dis ça maintenant, mais pourquoi ? […] Moi, j’ai une autre mauvaise nouvelle pour vous : je ne veux pas vous voir sur le plateau. » C’est ainsi qu’un acteur très célèbre peut chasser ses financiers, automobile ces derniers obtempèrent. Revenons-en aux faits, réclame le président, qui lui demande s’il se souvient d’incidents au cours du tournage.
« Dire “chatte”, “chatte”, ça m’arrive souvent »
Depardieu va dérouler une model qui ne correspond plus à ses déclarations en garde à vue. D’après lui, ce vendredi-là, il se met à discuter avec Amélie Ok à propos d’un tableau accroché au mur. Il ne sait pas qu’elle est assemblière décoratrice, il la croit propriétaire de l’appartement. Il commente une belle toile au mur, une marine du XVIe siècle, elle lui aurait rétorqué que c’était une croûte. « Je ne lui parle pas de mon château, il est vide et en prepare de s’écrouler, mais je dis que j’aimerai bien avoir des croûtes comme ça ! »
Vous lui auriez dit des choses graveleuses, tâte le président. Depardieu y va : « Dire “chatte”, “chatte”, ça m’arrive souvent, dépêchons-nous après on va tourner. Je suis sur mon dice, il fait chaud, je suis de mauvaise humeur, je fais 150 kilos… C’est toujours trop lengthy avec Jean. Yves Angelo et Jean Becker ne s’entendent pas. […] J’essaie de calmer les choses. C’est vendredi, il fait moite, voilà, je vois une femme qui me regarde étrangement, belle, mais fermée, téléphone en most important. » Il se souvient d’avoir demandé un « ventilateur » : « Je suis un infirme, vous comprenez, un infirme et de mauvaise humeur ! »
« Et je lui attrape les hanches ! »
Quand le président ressort la délicate phrase qu’il aurait prononcée à l’consideration de Amélie Ok : « Il fait chaud, je ne peux pas bander », Depardieu ne nie pas : « Oui, peut-être… C’est des grossièretés, ce n’est pas adressé à elle. Mais je peux comprendre qu’elle soit vexée, je ne veux pas de jeunes filles, donnez-moi un mec ! » Depardieu l’guarantee, la colère monte contre elle, non parce qu’elle l’ignore, mais parce qu’elle lui aurait menti : elle ne l’a pas prévenu d’emblée qu’elle œuvrait pour la manufacturing. D’autre half, elle ferait mal son travail. Car il a remarqué que le décor suivant, la chambre de Baba, n’est pas fignolé. Il prophétise qu’elle restera brocantrice, pas au niveau d’une décoratrice. « Et je lui attrape les hanches », admet-il. Le président notice une évolution par rapport à sa model en garde à vue.
« Oui, automobile le mot de mon avocat, Me Saint-Palais, c’était d’en dire le moins doable ! Je prends ses hanches pour ne pas glisser automobile j’étais agacé… » C’est l’argument essentiel de la défense made by Assous, le teigneux pénaliste qui a remplacé Me Saint-Palais : Depardieu a bien eu des mots forts contre Amélie Ok, il s’est accroché à ses hanches, mais pour une dispute professionnelle. Jamais sexuelle. Il répétera à plusieurs reprises ceci, tel un mantra : « Je n’ai pas menti, j’ai dit ce que Saint-Palais me disait de dire. » Car il sait, Depardieu, que le directeur de manufacturing a été prévenu d’une altercation le week-end des faits, qu’il a appelé celui-ci en se disant désolé sans que l’on sache de quoi.
« Je ne suis pas un frotteur dans le métro ! »
« Je ne vois pas pourquoi je m’amuserais à peloter une femme, toucher les fesses, les seins […] Je ne suis pas un frotteur dans le métro, je ne connais pas ces choses-là », argue-t-il quand on lui rappelle que la plaignante explique qu’elle a été malaxée de haut en bas par ses pognes. Un témoin atteste avoir vu Amélie Ok entre ses cuisses ? « Jamais, on pourra faire des essais si vous voulez, je ne pouvais pas mettre entre mes jambes une femme. » Il s’égare à nouveau sur l’algarade avec Amélie Ok, avant de se décrire ainsi : « Je ne me plais suffisamment pas à 76 ans et 150 kilos pour mettre la most important. Je ne suis pas Émile Louis quand même ! »
Interrogée à sa suite, Amélie Ok raconte l’inverse. À tout level de vue. Elle donne à voir un ogre qui gesticule et qui éructe contre une petite fille, sans que l’on comprenne ses borborygmes. Elle despatched qu’il faut l’occuper, le temps de régler une scène. Il lui demande : « Tu parles à ton mec ? Qu’est-ce que tu fous ? Qu’est-ce que tu cherches ? » Elle lui rétorque des parasols des années 1970 : « Eh bien, moi, je sais faire jouir les femmes sans les toucher ! » se serait-il vanté. « Que voulez-vous que je réponde à ça ? Je suis habituée aux bêtises des hommes. » Depardieu s’éclipse, il half interpréter son personnage miroir, Mangin. Au retour, il échoue sur son dice, dans le couloir de l’appartement.
Amélie Ok entend partir, sa journée est finie. Elle observe la configuration, elle ne peut pas le contourner, elle s’apprête à le frôler pour partir. Il l’appelle. « Il se met à crier, je m’arrête, il fait un truc de va-et-vient, je fais un arrêt. À ce moment-là, clac, il est assis en hauteur, il referme ses jambes, il m’attrape, me coince avec ses jambes, il a beaucoup de drive et il malaxe devant, derrière, autour, il remonte sur la poitrine. Il me tient. Je comprends qu’il a vachement de drive. J’ai le memento de flashs très nets. J’ai son gros visage en face, les yeux rouges, très serré, très excité, il me dit : “Viens toucher mon gros parasol, je vais te le fourrer dans la chatte.” »
« Je n’ai pas su réagir », regrette Amélie Ok
Parmi les trois témoins oculaires qui l’ont remarquée en état de choc et blême, une seule a vu Amélie Ok entre les cuisses de Depardieu. Amélie Ok parle du problème au directeur de manufacturing, à Jean Becker et chacun guarantee la soutenir (même si le réalisateur ne veut pas témoigner en sa faveur). Pourquoi ne pas porter plainte pour agression sexuelle d’emblée alors ? Par crainte de mettre en péril le tournage, où Amélie Ok était heureuse, appréciée, avance-t-elle. Sa plainte serait le résultat d’un cheminement. En lisant les articles sur Charlotte Arnould, les enquêtes de Mediapart, en les appelant, en discutant, en regardant Complément d’enquête, en constatant qu’elle va mal, qu’elle ne travaille plus, qu’elle a perdu confiance dans les hommes, elle dépose une plainte deux ans et demi après les faits.
L’avocat de Depardieu la questionne sans relâche sur les circonstances de l’agression. Amélie Ok guarantee avoir été extirpée des pattes de l’ogre par un homme… ou deux. Problème : elle ne sait plus de qui il s’agit. Devant les enquêteurs, elle avait nommé le garde du corps de la star, mais il n’aurait pas mis les pieds sur le plateau. Amélie Ok ne se démonte pas : « Je pense que c’est une personne qui fait partie du workers de M. Depardieu, son habilleuse, sa souffleuse, sa maquilleuse, ses deux gardes du corps, ils l’adorent. Je l’ai vu traiter une de ces personnes de salope, elle l’adorait, il a des personnes autour de lui qui sont totalement asservies. »
Aussi bien face au président que face à Me Assous, elle tient sa démonstration, sereine, tranquille, pas effrayée. Depardieu a, lui, perdu de sa superbe l’après-midi, subissant un contre-feu de Me Durrieu Diebolt. On saisit que l’acteur ne veut à aucun prix attaquer les victimes, il répète qu’il les croit, mais qu’il dit la vérité. Il s’embrouille. Les mains sur les hanches d’Amélie Ok, c’est pour se rattraper avant de glisser, ou pour discuter de près ? « M. Depardieu, vous vous mélangez entre vos variations », s’amuse l’avocate antagonistic. « Ça ne m’étonne pas, elles sont mélangeables. Je n’ai pas menti, j’ai suivi les conseils de Saint-Palais », tonne-t-il. Il s’agace.
« Je pense que mon temps est fini »
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Mais alors pourquoi Amélie Ok irait inventer une telle agression ? « Je ne sais pas, je ne suis pas psychologue », répond-il, avant de citer Madame de Staël : « La gloire est le deuil éclatant du bonheur. » Il kind la carte de la retraite : « Je pense que mon temps est fini. J’arrête, c’est plus pour moi, il y a un second, il faut savoir s’arrêter. » C’est alors que l’avocat de Fanny Ardant – l’actrice sera entendue comme témoin de la défense ce mercredi – glisse à l’oreille d’une journaliste qu’il va tourner avec elle au Portugal.
Depardieu se plaint de la « vingtaine de folles » qui venaient avec des pancartes saccager ses spectacles de chant. Cet homme a été proche de Duras, de Sagan, de Barbara, des femmes géniales, intelligentes, et le voilà à 76 ans, star déchue, à se débattre dans ce marasme gluant… Me Assous provoque les conseils des events civiles. Selon lui, sa consœur « a un rire d’hystérique ». Ce mot nitroglycérine produit son effet, la salle pousse un soupir de colère. Le pugilat semble proche. Me Claude Vincent bouillonne, elle n’apprécie pas de se faire traiter de « mademoiselle » par l’acteur. Et de rappeler une easy vérité : « C’est un file qui est normalement plaidé en trois heures dans une chambre correctionnelle classique. » Pourtant, il faudra encore deux jours pour décortiquer cette mince affaire.
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