Christophe Galfard, ancien élève de Stephen Hawking, explique les trous noirs et le huge bang aux enfants dans un podcast | EUROtoday

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L’astrophysicien Christophe Galfard, ancien élève de Stephen Hawking, lance Les Explorateurs de l’Univers, un podcast de France Inter pensé pour les enfants et néanmoins fascinant pour les adultes. Cette aventure scientifique emmène les auditeurs à explorer les mystères du cosmos, des étoiles aux trous noirs, à la manière d’un manga au générique planant. Rencontre.

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Le Point : Comment ce projet de podcast est-il né ?

Christophe Galfard : Tout est parti d’une BD que j’ai écrite l’année dernière, qui porte le même nom. J’y racontais l’Univers tel qu’on le découvre aujourd’hui en utilisant les codes des mangas pour m’adresser aux enfants. Quand France Inter m’a contacté pour me proposer de faire un podcast, je leur ai suggéré d’adapter cette histoire. Ils ont été ravis, et moi aussi, automotive je considère que cela fait partie de la tradition générale et que c’est donc une excellente selected que ce soit gratuitement accessible sur un média de service public.

Dès le prologue, vous évoquez une mission de défense de la science. Pourquoi est-ce si essential aujourd’hui ?

Cette mission a toujours été importante : il y a toujours eu des forces qui allaient à l’encontre de ce savoir, qui essayaient de le miner. Mais, aujourd’hui, c’est peut-être encore plus le cas parce que l’immense majorité des gens a accès à une quantité d’informations absolument colossale, à travers les réseaux, Internet, et ce n’est pas si easy de réussir à faire le tri entre le vrai et le fake, entre ce qui relève du complot whole ou de la easy erreur. Un apprentissage de ce qu’est la science et un contact avec une self-discipline permettent d’avoir les outils, le pouvoir, disons de se faire soi-même une idée de ce qui est vrai, de ce qui est fake et de ce qui mérite d’être écouté. Cela évite de laisser ce savoir entre les mains de quelques-uns qui pourraient alors manipuler l’info comme ils le souhaitent.

Y a-t-il donc un enjeu majeur autour de la transmission des connaissances ?

Pour moi, la connaissance en général, mais la science en particulier, c’est un des ciments de société les plus puissants qui soient. Le savoir scientifique ne peut s’apprendre que s’il a été transmis par quelqu’un. Il y a tellement de gens qui ont réfléchi avant nous, tellement de travail accompli, d’erreurs et de réussites : c’est uniquement grâce à cette transmission que nous avons pu, génération après génération, aller plus loin. C’est un liant qui transcende les époques et les frontières. En réalité, c’est l’œuvre d’êtres humains de tous les siècles, de tous les horizons. Il y a là un héritage international et, si la science n’est pas la seule self-discipline à jouer ce rôle, elle a ceci de particulier qu’elle s’appuie sur des notions de vrai et de fake qui existent moins dans d’autres domaines.

C’est uniquement grâce à la transmission que nous avons pu, génération après génération, aller plus loin.

Un élément clé de votre podcast est l’creativeness. En quoi constitue-t-elle un outil pour comprendre l’Univers ?

En fait, on n’a pas beaucoup d’outils pour comprendre l’Univers. La recherche start là où s’arrête notre savoir et, pour aller au-delà des connaissances héritées de nos ancêtres, pour faire un pas supplémentaire, qu’il soit petit ou grand, nous n’avons que notre imaginaire. On n’est jamais allé à l’autre bout de l’Univers, mais on peut le faire dans notre tête. On peut se sentir minuscule face au cosmos, complètement impuissant face à sa complexité, et pourtant, quand on écoute une histoire sur les trous noirs, le huge bang ou les galaxies, ce savoir ne nous vient pas d’une autre civilisation : il vient de nous. Des humains qui, dans leur petite tête, réussissent à faire tenir l’Univers tout entier. Aussi grand soit-il, il tient dans notre esprit, nous arrivons à nous le représenter. C’est ce voyage que j’essaie de faire faire aux enfants.

Il y a des moments où l’on n’est pas loin de la méditation…

Eh bien, oui. Il y a beaucoup d’idées reçues sur la science, que l’on considère trop souvent comme quelque selected d’extrêmement rigide. Le terme « cartésien » est presque devenu un gros mot, synonyme de ce qui tue l’imaginaire. Il serait aux antipodes de la poésie. Pour moi, c’est exactement l’inverse. Cartésienne ou non, la science, c’est un outil, c’est comme les pinceaux d’un peintre : on dessine ce qu’on veut avec. Il existe un milliard de manières de représenter un arbre, de Picasso à l’ultraréalisme. En science, c’est pareil : il y a plusieurs façons de comprendre les choses, plusieurs factors de vue. Certains sont plus pertinents que d’autres. Certains fonctionnent ; d’autres non. Et cet ensemble-là, pour moi, correspond à une grande méditation humaine sur le sens de la réalité qui nous entoure.

À LIRE AUSSI Quelles sont les limites de l’Univers ? Le récit fait intervenir plusieurs personnages. Qui sont ces créatures et remark vous aident-elles à faire comprendre les ideas scientifiques aux enfants ?

Au-delà des personnages eux-mêmes, en faire une aventure me permet de décrire ce que les enfants voient plutôt que d’expliquer les choses. L’approche est complètement différente : au lieu d’avoir l’impression qu’on va nous enseigner quelque selected – ce qui peut créer des barrières –, on ouvre notre esprit à une aventure. J’ai créé deux humains, le frère et la sœur, Aidan et Zoé, qui rencontrent un petit extraterrestre, Kookab. J’adore ce personnage parce qu’il était nul à l’école et que tout le monde peut s’identifier à lui. Voir qu’un personnage qui, a priori, ne comprend rien peut quand même découvrir des choses et être émerveillé par ces découvertes, je trouve cela très positif. Quant à la Pandi bleue, ce petit panda bleu extraterrestre, il va permettre de voir ce qui échappe à nos sens. Car il existe dans notre Univers des phénomènes invisibles – certains, nous ne sommes même pas sûrs qu’ils existent – que seuls nos appareils peuvent détecter. C’est pour partir à la recherche de ces mystères que j’ai créé ce personnage qui peut percevoir l’invisible. Le podcast nous emmène dans des lieux extrêmes : la floor du Soleil, l’espace intersidéral, au voisinage d’une supernova…

On peut se fier aux équations ou se projeter mentalement.

Est-ce ce qu’on appelle des expériences de pensée ?

Absolument. C’est Einstein qui a popularisé cette notion. Pour poursuivre avec l’analogie du peintre, quels sont les pinceaux du scientifique ? Il y en a un qui est purement mathématique : se fier aux équations pour aller plus loin. Et il y en a un autre, celui qu’a utilisé Einstein : se projeter mentalement. Il s’est dit : « Si j’étais assis sur un rayon de lumière, que verrais-je autour de moi ? À quoi ressemblerait l’Univers depuis ce level de vue ? » C’est ça qu’on appelle des expériences de pensée. C’est ainsi que je fais plonger les enfants au cœur d’une étoile pour qu’ils voient de leurs propres yeux remark fonctionne la fusion et remark naît l’énergie qui la fait briller.

Parmi toutes ces explorations de l’Univers, laquelle vous fascine le plus ?

Les trous noirs, sans hésiter ! D’ailleurs, tout le podcast nous amène vers eux. C’est fascinant parce que, dans l’imaginaire collectif, ils ont quelque selected de mystérieux et de puissant, mais c’est vrai aussi pour les scientifiques qui les étudient. Ce n’est pas pour les mêmes raisons, mais émotionnellement, il y a quelque selected de similaire. Que l’on soit grand public ou chercheur, cette fascination nous réunit.

Dans le podcast, vous abordez des ideas complexes comme E = mc² ou la matière noire. Comment les rendez-vous accessibles ?

Ces phénomènes sont surtout complexes parce qu’ils ne nous sont pas familiers. À la première écoute du podcast, on trouve cela captivant. Puis, au fur et à mesure qu’on réentend, la difficulté s’estompe. Mon however, c’est de disséminer dans la société un savoir scientifique moderne, avec ses doutes et ses mystères, mais en le rendant familier. Prenons E = mc². Les plus grandes révolutions scientifiques arrivent quand on parvient à faire un pont entre des choses qui jusque-là n’avaient rien à voir. Cette équation en est un parfait exemple : c’est un pont entre l’énergie, quelle qu’en soit sa forme – gravitation, électricité, chaleur –, et la masse des choses. Elle nous dit que l’une peut se transformer en l’autre, comme on change des euros en {dollars}. Le E, c’est l’énergie ; le m, c’est la masse. Et le taux de change entre les deux, c’est la vitesse de la lumière, c, qu’on multiplie par elle-même. On aboutit alors à un chiffre absolument colossal, c’est pour ça qu’avec une toute petite masse on peut avoir énormément d’énergie. C’est pour cela que les étoiles brillent.

Vous dites que notre corps est fait de poussières d’étoiles. Comment cette prise de conscience peut-elle transformer notre regard sur nous-mêmes ?

Dans les étoiles se forgent des atomes, des gros à partir des petits. À leur mort, lorsqu’elles explosent, ces atomes sont disséminés dans l’espace. Ces poussières d’étoiles disparues se rassemblent ensuite pour former d’autres étoiles, comme notre Soleil, et les planètes qui tournent autour, comme la Terre. Toute la matière qui est autour de nous et en nous vient d’étoiles qui ont explosé il y a bien longtemps. Dans notre quotidien, nous avons souvent la tête dans le guidon, mais réaliser cela peut nous donner un souffle nouveau : cela nous pousse à lever les yeux vers le ciel, à prendre conscience de l’extraordinaire immensité des choses et à relativiser un peu notre existence.

Quand vous nous montrez la Terre depuis l’espace, protégée par son bouclier magnétique, et que vous la comparez à Mars qui a perdu son atmosphère, qu’apprenons-nous sur notre planète ?

On découvre son histoire. On comprend qu’elle a évolué, qu’elle n’a pas toujours été telle qu’elle est aujourd’hui. On réalise qu’elle est à la fois puissante, résiliente et fragile. Mais je ne cherche pas à donner des leçons, simplement à montrer les choses telles qu’elles sont. Chacun peut ensuite en tirer ses propres conclusions. C’est comme le renard dans Le Petit Prince : si n’importe quel renard se fait écraser, c’est triste, mais on s’en fiche un peu. En revanche, si c’est notre renard, celui que l’on a apprivoisé, alors on ne s’en fiche plus du tout. Je pense que c’est pareil pour notre planète : mieux la connaître peut transformer notre comportement vis-à-vis d’elle.

Cette façon de faire découvrir l’Univers, vous la devez peut-être un peu à Stephen Hawking, dont vous avez été l’élève. Comment cette collaboration a-t-elle influencé votre imaginative and prescient de la science et votre manière de la transmettre ?

Il était pour moi comme un maître au sens de la Grèce vintage, avec cette relation particulière entre maître et disciple. J’ai passé cinq ans avec lui, jour et nuit, week-ends et vacances compris. J’ai été immergé dans sa façon de réfléchir et de comprendre l’Univers. Comme il était prisonnier de son corps, la plupart de ses réflexions étaient des expériences de pensée. Cela a certainement influencé ma façon d’appréhender la recherche et ma confiance dans notre capacité à explorer l’Univers de cette manière.

À la fin de ma thèse, j’écrivais les textes de ses conférences grand public. Je l’accompagnais lors de ses tournées aux États-Unis et j’ai été fasciné de voir des salles de 5 000 à 10 000 personnes, adultes et enfants, écouter dans un silence whole ses histoires d’Univers. C’est là que j’ai réalisé l’engouement du public pour ces questionnements, pour la beauté de la réflexion humaine sur le fonctionnement de notre Univers. C’est en voyant cela que j’ai décidé de poursuivre ce qu’il avait si extraordinairement commencé.


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En quoi comprendre l’Univers peut-il nous aider à relever les défis de notre monde actuel ?

On n’aurait aucune de nos applied sciences sans la science. Essayer de comprendre remark fonctionne l’Univers, c’est façonner notre monde de demain. Face aux défis énergétiques, nous avons deux choices : soit tout arrêter – ce qui n’arrivera probablement pas –, soit mieux comprendre remark travailler avec la nature. Au lieu de la considérer comme une easy ressource, il faut avancer en bonne entente avec elle. Par exemple, maîtriser la fusion nucléaire, cette énergie des étoiles, pourrait nous offrir une supply extraordinaire d’énergie sans déchets. Mais ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.


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