Réforme des retraites : le Sénat vote le report de l’âge de départ à 64 ans
Le Sénat a adopté, tard dans la soirée de mercredi 8 mars, l’article 7 du projet de réforme des retraites, repoussant l’âge de départ à 64 ans.
Par JLB avec AFP
Publié le
Temps de lecture : 3 min
Lecture audio réservée aux abonnés
Le Sénat donne son feu vert. Dominé par la droite, le Palais Bourbon a adopté, mercredi 8 mars au soir, l’article clé du projet de réforme des retraites portant de 62 à 64 ans l’âge légal de départ en retraite. Le vote a été acquis par 201 voix contre 115, au terme d’une vive bataille de procédure avec la gauche. « Votre nom restera à jamais attaché à une réforme qui fera revenir presque 40 en arrière », a lancé la socialiste Monique Lubin au ministre du Travail, Olivier Dussopt.
La communiste Eliane Assassi a dénoncé un débat « bâclé » et « l’objectif » de la majorité sénatoriale de « censurer l’opposition ». « Vous êtes en train de vous mélenchoniser », a accusé le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, fustigeant une nouvelle fois « l’obstruction » de la gauche. « Nous sauvons le régime par répartition », « nous choisissons la responsabilité », a affirmé le centriste Olivier Henno.
Selon le projet du gouvernement, l’âge légal de départ en retraite doit être progressivement relevé de 62 à 64 ans, au rythme de 3 mois par an à partir du 1er septembre 2023 jusqu’en 2030. En outre, pour obtenir une pension « à taux plein » (sans décote), la durée de cotisation requise passera de 42 ans actuellement (168 trimestres) à 43 ans (172 trimestres) d’ici 2027, au rythme d’un trimestre par an.
Le Sénat vient d’adopter l’article 7 du projet pour les retraites. Je me réjouis que les débats aient permis de parvenir à ce vote.
L’examen du texte va se poursuivre. Il permettra d’examiner des propositions issues de tous les bancs pour une réforme équilibrée et juste.— Élisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) March 8, 2023
Une « humiliation » pour les femmes en ce 8 mars
Silencieuse depuis le début de l’examen du texte, jeudi dernier, la majorité sénatoriale a sorti sur cet article depuis la nuit dernière l’artillerie lourde du règlement pour accélérer les débats face à « l’obstruction » de la gauche.
Un nouveau recours mercredi à la « clôture des débats », prévue par l’article 38 du règlement, proposé par Bruno Retailleau sur un amendement socialiste en faveur des femmes, a déclenché la colère de Laurence Rossignol. En cette journée des droits des femmes, « c’est pas nous que vous humiliez, ce sont les femmes, toutes les femmes », a-t-elle lancé.
À LIRE AUSSIDroits des femmes : qu’attendent donc Emmanuel et Brigitte Macron ?
L’article 38 a ensuite été demandé à trois reprises par François Patriat (RDPI à majorité Renaissance) et Claude Malhuret (Indépendants). Cet article « clôt » la discussion sur un amendement ou un article. Le Sénat a aussi appliqué un article du règlement limitant le nombre d’explications de vote sur l’article. La gauche a contre-attaqué avec des demandes à répétition de scrutins publics sur les amendements.
La tension est nettement retombée en soirée, sous la présidence de Gérard Larcher. Et le Sénat a réussi à adopter, avec un avis favorable du gouvernement, des amendements consensuels sur le rachat de trimestres en faveur de l’apprentissage et des sportifs de haut niveau, un assouplissement des conditions de rachat à tarif réduit pour les anciens étudiants et périodes de stages en entreprise. Il a supprimé la règle interdisant aux enseignants du primaire de partir en retraite en cours d’année scolaire et voté une mesure en faveur des pompiers.
Le débat reprendra jeudi 9 mars sur un amendement polémique de Bruno Retailleau pour que l’extinction progressive des régimes spéciaux, votée à l’article 2, s’applique aux salariés déjà en poste.
À LIRE AUSSI« La porte du gouvernement est plus qu’ouverte » aux syndicats, assure Véran
La majorité sénatoriale a pour objectif d’aller jusqu’au bout du texte et au vote final d’ici la date butoir de dimanche minuit.
Source: lepoint.fr