François Fillon fait le sourd face aux soupçons d’ingérences russes

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L’ancien premier ministre François Fillon devant la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, à l’Assemblée nationale, à Paris, le 2 mai 2023.

François Fillon n’a pas tellement changé. En pleine campagne présidentielle, en 2017, alors que ses déboires judiciaires soulevaient des contradictions entre son discours et son éthique personnelle, il était resté sûr de son bon droit, sourd aux conseils de ses fidèles lui suggérant de passer la main.

Mardi 2 mai, interrogé sur ses relations avec le régime russe par la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères, l’ancien premier ministre a montré cette même incrédulité. Face aux interrogations sur son recrutement par des entreprises russes proches du Kremlin, il a assuré qu’il ne voyait pas en quoi cela pouvait être perçu comme un lien de sujétion vis-à-vis du président russe, Vladimir Poutine.

Pour sa dernière semaine d’audition, cette commission – créée le 6 décembre 2022, et présidée par le député (Rassemblement national) de la Somme Jean-Philippe Tanguy, dont le parti aimerait se défaire des accusations d’allégeance à Moscou – souhaitait évoquer la présence de M. Fillon au sein du conseil d’administration des entreprises russes Sibur (pétrochimie) et Zarubezhneft (hydrocarbures). Il avait dû, contraint et forcé, démissionner de ces postes après l’agression russe en Ukraine, le 24 février 2022. Mais avait-on affaire à une forme d’ingérence, la Russie ayant ainsi accès aux relations, carnet d’adresses et secrets conservés par l’ancien premier ministre, ou à une simple reconversion ?

Après vingt-deux ans de mandats parlementaires et douze années comme ministre et chef du gouvernement, M. Fillon considère avoir quitté la vie publique en 2017 et bénéficier, à ce titre, du droit de travailler comme quiconque. Il est alors devenu associé dans un fonds d’investissement, avant de monter, en 2020, sa propre activité de conseil pour accompagner les entreprises souhaitant investir, notamment en Russie. C’est ainsi qu’il a œuvré pour la société française Cifal, aujourd’hui visée par une enquête préliminaire du Parquet national financier pour des soupçons de corruption d’agent public étranger. Il se dit tout à fait étranger à ce dossier.

« Je n’ai de comptes à rendre à personne »

En 2021, François Fillon commence à assister à des conseils d’administration de Zarubezhneft, puis de Sibur. « Ce n’est pas une fonction exécutive », rappelle-t-il. Néanmoins, il confirme que Zarubezhneft est bien une société d’Etat et que c’est un décret qui a officialisé sa nomination. Mais ce groupe pétrolier n’intervient, selon lui, qu’en dehors de la Russie, surtout en Asie et en Amérique latine, ce qui, à l’entendre, l’exonère de tout conflit d’intérêts. Sibur est quant à elle une entreprise totalement privée, donc, toujours selon le raisonnement de l’ancien premier ministre, cela en fait également un non-sujet.

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