Marine Le Pen profite du débat sur les retraites pour défendre sa politique nataliste

Pensez à votre retraite, faites des enfants. Voilà, en substance, le discours que tient le Rassemblement national (RN) depuis que s’est ouvert le débat sur la réforme engagée par Emmanuel Macron. Pour la formation de Marine Le Pen, les prévisions de déficit ne justifient pas une réforme, celui-ci pourrait être corrigé en redressant la courbe de la natalité et celle des gains de productivité. « Natalité » et « productivité » : le parti répète ces deux mots depuis le début de l’année 2023. Et pour cause : la politique nataliste fait partie des fondamentaux du Front national (ancien nom du Rassemblement national) depuis sa première campagne présidentielle, en 1974. Elle est à la jonction de deux courants du parti d’extrême droite, les catholiques traditionalistes et les identitaires, inquiets pour le substrat ethnique de la France.

Le principal souci du parti est de lutter contre « la submersion migratoire » : les « bons bébés », comme « les bons cotisants », sont ceux issus de « familles françaises ». En 2007, Jean-Marie Le Pen battait en brèche les chiffres de la natalité de l’Institut national d’études démographiques (INED), affirmant que le nombre de « naissances d’enfants français de souche » était insuffisant pour parer à « la substitution de population ». Le RN, toutefois, se veut plus subtil que le reste de l’extrême droite, qui appelle les Français à faire des enfants pour lutter contre le prétendu « grand remplacement », la théorie complotiste et raciste popularisée par l’écrivain Renaud Camus. Ainsi profite-t-il de la réforme des retraites pour remettre en avant ses propositions pour les familles françaises, comme il l’a déjà fait par le passé.

Cinq amendements

Parmi les amendements déposés par le groupe RN sur le projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale, qui porte la réforme des retraites, en vue de son examen en commission, cinq concernaient la politique familiale. Des reprises du programme présidentiel de Marine Le Pen, comme l’instauration d’une part fiscale pleine dès le deuxième enfant ou la création d’un prêt à taux zéro jusqu’à 100 000 euros pour le projet immobilier d’un jeune couple, le capital restant dû se transformant en don au troisième enfant. Un décalque d’une mesure appliquée en Hongrie par Viktor Orban, allié du RN, champion des politiques natalistes en Europe et organisateur d’un « sommet de la démographie » où s’affichaient, en 2021, Marion Maréchal et Eric Zemmour.

Ces amendements ont été considérés comme « cavaliers » par les administrateurs de l’Assemblée nationale, ce qui n’a pas empêché Laure Lavalette, corapporteuse du texte pour son groupe, de défendre sa ligne en commission des affaires sociales. « Il faut prendre conscience que toutes les ambitions sociales de ce pays ne sont possibles que par la natalité, a-t-elle assuré, mercredi 1er février. Comment se fait-il que nous ayons éludé le sujet ? » Le RN espère contourner cette irrecevabilité et a redéposé les amendements en vue du débat en séance publique, qui débute lundi 6 février.

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