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Prix Nobel de littérature, l’écrivain turc témoigne pour « Le Point » du tremblement de terre qui a frappé son pays dans un texte bouleversant.
Par Orhan Pamuk
Publié le
Temps de lecture : 7 min
La fille aux yeux tristes doit avoir 10 ou 12 ans. Elle bouge à peine en fixant l’appareil photo du téléphone. Lorsqu’elle bouge, ses gestes sont lents et lents. L’homme qui filme la vidéo l’aperçoit et s’exclame, étonné.
« Il y a quelqu’un ici ! Il y a quelqu’un ici ! »
Mais il n’y a personne autour, seulement une lumière plombée et le silence des chutes de neige. Ils sont quelque part dans le sud-est de la Turquie, une région qui vient d’être dévastée par deux tremblements de terre de magnitude 7,8 et 7,5.
L’homme s’approche de la jeune fille, dont le corps est coincé de la poitrine vers le bas par du béton effondré. Il est clair qu’ils ne se connaissent pas.
« Tu as soif ? demande-t-il.
– J’ai froid, répond la fille. Mon frère est là aussi.
– Tu peux bouger ?
– Non », répond faiblement la…
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Source: lepoint.fr