Orhan Pamuk : « Je n’ai jamais vu notre peuple aussi en colère »

Réservé aux abonnés

Prix Nobel de littérature, l’écrivain turc témoigne pour « Le Point » du tremblement de terre qui a frappé son pays dans un texte bouleversant.






Par Orhan Pamuk


Orhan Pamuk dans les rues d’Istanbul, en février 2022.
© Bradley Secker/PANOS-REA / Colour / Bradley Secker/PANOS-REA POUR « LE POINT »

Temps de lecture : 7 min

Lecture audio réservée aux abonnés

La fille aux yeux tristes doit avoir 10 ou 12 ans. Elle bouge à peine en fixant l’appareil photo du téléphone. Lorsqu’elle bouge, ses gestes sont lents et lents. L’homme qui filme la vidéo l’aperçoit et s’exclame, étonné.

« Il y a quelqu’un ici ! Il y a quelqu’un ici ! »

Mais il n’y a personne autour, seulement une lumière plombée et le silence des chutes de neige. Ils sont quelque part dans le sud-est de la Turquie, une région qui vient d’être dévastée par deux tremblements de terre de magnitude 7,8 et 7,5.

L’homme s’approche de la jeune fille, dont le corps est coincé de la poitrine vers le bas par du béton effondré. Il est clair qu’ils ne se connaissent pas.

« Tu as soif ? demande-t-il.

– J’ai froid, répond la fille. Mon frère est là aussi. 

– Tu peux bouger ?

– Non », répond faiblement la…

La rédaction du Point vous conseille

Source: lepoint.fr

1102022202325508aBasdGoogleIstanbulLmnPSTUN