La présidence de l’Institut du monde arabe mérite « une autre ambition que son attribution pour services rendus »

Dans le duel auquel nous assistons pour la présidence de l’Institut du monde arabe (IMA) entre Jack Lang et Jean-Yves Le Drian pose question. Le seul choix possible est-il entre le président actuel, nommé en 2013 par François Hollande et renouvelé à ce poste par Emmanuel Macron en 2017, ayant déjà accompli trois mandats et qui compte en obtenir un quatrième ; et l’ancien ministre des affaires étrangères et de la défense qui a sillonné le monde arabe pendant dix ans à la tête de ces deux ministères régaliens ? Il est vrai que l’IMA, fondation française de droit privé, ne fixe pas de limite d’âge à son président, mais est-ce une raison ?

Il ne s’agit pas ici de personnaliser le sujet, encore que l’image qui est donnée de cette bataille est désastreuse, mais de proposer une ambition autre pour ce poste qui a le plus souvent été attribué à des personnalités politiques, masculines, pour services rendus sans que le lien avec le monde arabe soit toujours pertinent. Ne serait-il pas temps de porter à la tête de cette institution inaugurée en 1987 une personnalité plus jeune aux compétences reconnues aussi bien sur le plan culturel que sur celui de la connaissance d’une région en plein tumulte ?

Adresse aux jeunes

Si la vocation première de l’IMA est culturelle, elle est aussi au croisement d’enjeux diplomatiques et politiques. Pourquoi ne pas proposer un profil qui réponde à ces deux exigences et soit plus en phase avec les attentes de la jeune génération des deux rives de la Méditerranée ? Ce serait un formidable message adressé à cette région alors que le président de la République n’a de cesse de dire et de répéter qu’il soutient la cause des jeunes, des femmes.

Le « Sommet des deux rives, Forum de la Méditerranée » qui s’est tenu à Marseille en 2019 était placé sous le signe du dialogue, de la jeunesse. Emmanuel Macron exprimait alors sa volonté de « retrouver le fil d’une politique méditerranéenne différente en tirant les enseignements de ce que [ils] av[aient] réussi et de ce que parfois [ils n’étaient] pas parvenus à faire ». Cette ambition devrait se retrouver à la tête de cette institution et être portée par une nouvelle génération.

L’IMA a vocation à rayonner en France et, notamment, à favoriser une intégration culturelle réussie avec la population française d’origine arabe qui découvre la mise en valeur à la fois patrimoniale et créatrice de la culture des pays d’origine de leurs parents. Ce lieu est fréquenté par de très nombreux scolaires qui découvrent celle-ci avec étonnement et fierté.

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