Toutes deux vêtues d’un bleu de travail, Anne Passero et Violette Vaucher sont, ce soir-là, aux avant-postes du meeting contre la réforme des retraites qui se déroule à Alès (Gard). Les deux amies, qui ont rejoint le comité organisateur de l’événement, se mobilisent, ce 3 février, pour faire reculer le projet du gouvernement Macron. Elles veillent à trouver des chaises pour tout le monde. Dans la salle, plus de 500 personnes sont venues écouter la députée La France insoumise (LFI) de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain et sa consœur d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) de Paris Sandrine Rousseau.
Anne Passero, une dynamique quinquagénaire sans emploi, est la coanimatrice de Canaules insoumise, un groupe d’action rattaché à LFI et à la Nupes, qui a vu le jour en 2017 à Canaules-et-Argentières, son village gardois de 400 habitants. « Des groupes d’action, il y en a un peu partout. Ici, nous sommes une petite vingtaine. On se retrouve chez les uns ou les autres pour organiser la mobilisation », explique cette Gardoise, convaincue qu’il ne faut pas agir que dans les villes, mais aussi en zone rurale.
Violette Vaucher, 38 ans, institutrice gréviste, fait partie du même groupe et ne compte plus ses heures pour préparer des affiches. « Ultra-déterminée », l’enseignante de CP-CE1 est prête à « tenir le plus longtemps possible ». « Dans le Gard, il y a vingt-huit groupes d’action, compte Véronique Soriano-Deresmes, l’autre coanimatrice. On est dans un continuum, après les “gilets jaunes” et Nuit debout. L’objectif est de tenir jusqu’à la grande journée de mobilisation du 7 mars. »
Une manifestation le jour du marché
En attendant, au pied des Cévennes, les rendez-vous se succèdent : représentation théâtrale, projection de film, rencontre avec le député LFI Michel Sala, distribution de tracts… A 30 kilomètres de là, à Lasalle, village de 1 000 habitants, la mobilisation monte aussi. Ici bouillonne un autre collectif, qui mêle syndicalistes, militants politiques et citoyens. Ils sont une dizaine à se retrouver une ou deux fois par semaine dans la salle Viala, mise à disposition par la municipalité de gauche.
Philippe Alverde, retraité et chef de file de l’union locale Solidaires à Alès, fait partie de ceux qui ont impulsé la dynamique. « Le déclic, ça a été la première manifestation à Alès, le 19 janvier. » Près de 10 000 manifestants dans une sous-préfecture de 40 000 habitants. « Personne, côté syndicats, n’avait imaginé un tel scénario. Nous, on s’est dit qu’on ne pouvait pas laisser les gens repartir comme ça. Et on a commencé à se réunir de façon informelle. » Le collectif est né à ce moment-là.
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