Réforme des retraites : comment les préfets préparent la mobilisation du 7 mars

Partout dans le pays, les préfets s’attendent à une forte mobilisation, mardi 7 mars, contre la réforme des retraites. C’est en tout cas ce que les services du renseignement territorial ont fait remonter aux services préfectoraux. « Il y aura du monde », confie le préfet d’un département plutôt urbanisé du sud du pays, qui a choisi, comme ses collègues, de s’exprimer sous couvert d’anonymat.

Un autre préfet, en zone rurale, fait le même pronostic, confirmant « le niveau de mobilisation étonnant » des villes moyennes. Les fonctionnaires, a-t-il constaté, ont été très actifs au début, puis ont laissé place à « une mobilisation assez inhabituelle du privé, et surtout des retraités ».

Quand on représente l’Etat sur un territoire, la priorité, c’est la sécurité. Chacun a évalué ses besoins en forces de l’ordre. Le préfet en fonction dans le sud dun pays a demandé des renforts à Paris, « parce qu’on ne peut les enlever de partout sur le département ». Un de ses collègues, dans l’ouest du pays, fera « avec les forces locales », car « jusqu’à présent, ça a suffi », note-t-il.

« Une manifestation ne doit jamais » stopper sa progression

Lui hésite à se dire « serein », car « il ne faut pas se laisser endormir par les précédentes manifestations, qui se sont bien passées ». Mais, comme ses collègues, il prépare la journée de mardi avec méthode, sans inquiétude excessive. « [Gérer] les manifestations, on sait faire », justifie le préfet du Sud, même si, « de plus en plus, on se rend compte que la CGT ne maîtrise plus tout comme avant ».

Ce que ce préfet appréhende le plus ? Que le défilé stoppe sa progression. « Une manifestation ne doit jamais s’arrêter, explique-t-il. Le jeu des black blocs, c’est de se mettre devant et de bloquer l’avancement du cortège. Ce n’est pas bon. A l’arrière, on ne comprend pas ce qui se passe ; ça s’échauffe ; la police se rapproche ; les phénomènes de foule se produisent souvent dans ces circonstances… »

Dorénavant, la police requiert l’aval du préfet avant de procéder à des tirs lacrymogènes. Mais, le plus souvent, on préfère les canons à eau. Les contacts en amont avec tous les interlocuteurs sont essentiels. Le préfet du Sud a attiré l’attention des syndicats sur les jets de bouteilles sur les forces de l’ordre. « C’est de votre faute, s’est-il entendu répondre. Vous n’avez qu’à faire retirer les conteneurs. »

Qu’à cela ne tienne. Le représentant de l’Etat a demandé à la métropole de retirer poubelles, collecteurs « et tout ce qui traîne dans les rues, comme les matériaux de travaux ». En février, indique-t-il, un homme tirait au mortier d’artifice sur la police. « Avec les caméras, confie-t-il, on le voit tirer, regarder sa main puis crier ; et se précipiter vers les policiers pour obtenir du secours, qu’il a obtenu… » « C’est beau, la République, quand même ! » ironise-t-il.

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