Mercredi, une nouvelle mobilisation, entre colère et lassitude
La colère ou la résignation. Le cœur et l’esprit des manifestants balançaient clairement entre ces deux sentiments, mercredi 15 mars, pour la huitième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Après deux mois de contestation, la fatigue se fait sentir et, comme on pouvait s’y attendre, les cortèges continuent de s’étioler, loin des affluences de la fin de janvier. A Paris, la Préfecture de police a comptabilisé 37 000 manifestants – il y en avait 450 000 selon la CGT.
En province, la mobilisation connaît un léger rebond après la journée du samedi 11 mars, mais n’atteint pas les effectifs du 7 mars. Ils étaient entre 3 000 et 12 000 à Nice, deux fois moins qu’il y a une semaine. Situation identique au Havre (5 600 à 30 000), à Perpignan (4 500 à 10 000), Strasbourg (4 100 à 10 000), Saint-Etienne (3 750 à 15 000) et Tarbes (3 600 à 9 000). Les écarts entre les chiffres des autorités et des syndicats se creusent nettement, comme à Nantes, où le comptage officiel stagne à 13 000 manifestants, tandis que les organisateurs en ont dénombré 35 000, ou à Marseille (7 000 selon la préfecture, 160 000 pour la CGT).
La fin du parcours parlementaire signifie que le mouvement social va entrer dans une nouvelle phase, quelle que soit l’issue de la journée de jeudi. A Paris, Mélanie, 35 ans, et Manuel, 50 ans, disent avoir participé à toutes les manifestations sauf une. Si la réforme est adoptée, il faudra, selon ces deux enseignants du Val-d’Oise, trouver d’autres modes d’action. « On envisage de continuer à manifester une opposition, un mécontentement », assure Manuel. Mélanie, elle, organise des assemblées générales localement, pour une manifestation vendredi : « Si la réforme est votée, il faut qu’on reste unis, qu’on continue à faire du lien. »