Une trentaine de jeunes gens assis sur le sol, dos au mur, sous la garde de policiers en tenue antiémeute : les images filmées samedi 18 mars au soir à Paris près de la place d’Italie (13e arrondissement) par un journaliste du média en ligne QG ont fait le tour des réseaux sociaux, suscitant l’indignation alors que se multiplient les manifestations spontanées à travers la France. La Préfecture de police de Paris assure que « dans un contexte de tension, plusieurs groupes constitués d’éléments radicaux ont pu être interpellés » avant que la situation ne soit « figée » dans l’attente de renforts pour la « prise en charge » des manifestants.
Place d’Italie pourtant, si la circulation autour du rond-point a été brièvement interrompue et les pompiers empêchés d’intervenir pour éteindre un feu de poubelle, on ne notait sur place, samedi soir, ni présence de black blocs constitués ni faits de violence avérée contre les forces de l’ordre : l’essentiel de la protestation tenait à des slogans hostiles à l’endroit du président de la République et de la police.
C’est cependant dans ce secteur qu’ont été signalés plusieurs faits, dont un manifestant jeté à terre et molesté par un policier des brigades de répression de l’action violente motorisée pendant une charge, et d’autres, dans un hall d’immeuble, matraqués au cours de la même séquence. Habitué des manifestations, le journaliste Clément Lanot a déclaré sur Twitter avoir été visé par un coup de matraque et une partie de son matériel a été cassé.
La veille, sur la place de la Concorde (8e arrondissement), en marge de heurts plus sérieux, plusieurs personnes avaient été interpellées brutalement sous l’œil des caméras. Pour la Préfecture de police, qui avance le chiffre de 132 policiers et gendarmes blessés depuis le 7 mars, cette posture s’adapte « à la physionomie des manifestations et rassemblements » et « les forces de l’ordre ont pour consigne d’intervenir avec réactivité et fermeté pour mettre un terme à toutes les exactions et tentatives d’exaction ».
Les manifestants, eux, dénoncent un recours systématique aux interpellations : 258 ont été réalisées jeudi à Paris, soit pratiquement le double du nombre enregistré en un mois. Le lendemain, 64 nouvelles interpellations ont eu lieu, avec des résultats judiciaires peu tangibles : le parquet de Paris indique que 58 personnes ont été remises en liberté quelques heures plus tard, sans aucune charge. Dimanche soir, un « cortège sauvage » dans le 1er arrondissement parisien a été cerné d’un cordon de forces de l’ordre et les manifestants contraints à quitter les lieux par petits groupes, étroitement encadrés.
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