Interpellés au sujet de la saisie de l’IGPN à Nantes, le ministre de l’intérieur soutient les forces de l’ordre et Elisabeth Borne rappelle leur « devoir d’exemplarité »
Questionnés chacun à leur tour par le député « insoumis » Andy Kerbrat puis par la cheffe de file des écologistes, Cyrielle Chatelain, au sujet de la saisie de l’IGPN à Nantes après des accusations d’agressions sexuelles lors d’un contrôle de police lié à une mobilisation contre la réforme des retraites, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, ainsi que la première ministre, Elisabeth Borne, n’ont pas souhaité commenter l’affaire frontalement, ce qui a entraîné des huées d’une partie des bancs de la Nupes.
Les faits évoqués ont eu lieu à Nantes le 14 mars après une opération de barrage filtrant contre le projet de loi. L’inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie, a annoncé le procureur de la République lundi 20 mars. Quatre jeunes femmes, « âgées de 18 à 20 ans », sont « venues au commissariat afin de déposer plainte pour dénoncer des faits d’agressions sexuelles qu’elles auraient subies lors d’un contrôle effectué par les services de police à Nantes, et j’ai immédiatement confié le dossier à l’IGPN », a expliqué Renaud Gaudeul, procureur de la République de Nantes.
Détaillant l’affaire depuis les bancs de l’Assemblée, le député Andy Kerbrat a questionné le ministre de l’intérieur, en lançant : « Rendez-vous hommage à ces agents ou sanctionnez-vous ces pratiques ? » Le ministre de l’intérieur lui a répondu en éludant la question : « Comme vous, je voudrais avoir un mot pour ces 394 policiers et gendarmes blessés », lors des mobilisations contre la réforme des retraites. « Depuis six jours les policiers et les gendarmes font face à 1500 opérations non déclarées », a ajouté le ministre, sans rien ajouter au sujet de l’affaire sur laquelle il était interrogé. Il a par ailleurs affirmé que « 94 agents » avaient été blessés depuis jeudi et annoncé qu’il se rendrait dans l’après-midi au « chevet des policiers blessés à Paris ».
« Vous comparez des dégradations de bâtiments à des violences sexistes et sexuelles. Nous ne nous habituerons jamais à votre indignité », a alors rétorqué Andy Kerbrat, tandis que les députés « insoumis » criaient leur réprobation.
« Votre gouvernement se comporte comme un gouvernement assiégé », a ensuite déclaré l’écologiste Cyrielle Chatelain en alertant la première ministre sur le sort des manifestants « matraqués, chargés sans sommation claire, exposés aux jets de lacrymogène et aux situations de nasse », après avoir abordé à son tour les plaintes déposées par les quatre étudiantes à Nantes.
Elisabeth Borne lui a répondu en avançant que les forces de l’ordre « ont un devoir d’exemplarité », alors que des syndicats d’avocats, de magistrats et des élus de gauche dénoncent des violences policières. « Face à ces violences [contre la réforme des retraites], je veux à nouveau rendre hommage à nos forces de l’ordre qui assurent la sécurité des manifestations. Et je le redis, ils ont un devoir d’exemplarité et ils en sont conscients, nos policiers comme nos gendarmes », a ajouté la première ministre, selon laquelle « tout signalement [à l’IGPN] est examiné ».