Qu’est-ce que la Brav-M, cette unité de policiers que LFI veut démanteler ?

Trois députés Insoumis demandent à Darmanin de suspendre temporairement cette brigade mobilisée face aux manifestations contre la réforme des retraites.






Par Thibaut Déléaz et Erwan Seznec


Des policiers de la Brav-M à Paris le 18 mars (photo d’illustration).
© VINCENT GERBET / Hans Lucas via AFP

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« Ce n’est pas du maintien de l’ordre, c’est une politique de la terreur », tonne Antoine Léaument. Le député LFI et deux de ses collègues, Thomas Portes et Ugo Bernalicis, ont envoyé un courrier, révélé par France info, au ministre de l’Intérieur ce mercredi 22 mars pour demander le « démantèlement à titre provisoire » de la Brav-M, une unité critiquée des forces de l’ordre. Les élus lui reprochent d’être impliquée dans des violences envers des manifestants, sur la base de vidéos et de témoignages.

Ils font notamment référence à une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux lundi 20 mars au soir, où un policier de cette unité assène un coup de poing à un manifestant parisien, qui s’écroule au sol. Interrogé à ce propos sur BFMTV, le préfet de police Laurent Nuñez dit avoir « besoin de contextualiser ». Une enquête préliminaire a été confiée à l’IGPN le lendemain.

Binômes à moto

Ces brigades de répression de l’action violente motorisées (Brav-M) ont été créées en mars 2019 en pleine crise des Gilets jaunes, dans un contexte d’émeutes diffuses, où les forces de l’ordre affrontaient des petits groupes très mobiles. Composées de binômes à moto, qui évoluent par groupe de 20 à 40, les Brav-M ont été immédiatement assimilés aux pelotons de voltigeurs motorisés, créés en 1968 et dissous en 1986, suite à la mort d’un manifestant, Malik Oussekine. Ils ne sont pas censés intervenir à moto, celle-ci est simplement un moyen de déplacement.

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Les black blocs les redoutent. Lors de la marche organisée à Paris par LFI le 16 octobre 2022, la simple approche des Brav-M avait suffi à dissuader un groupe de casseurs qui ciblaient une agence de la BNP, boulevard Saint-Antoine. Les binômes à moto n’étaient d’ailleurs pas intervenus ce jour-là, se tenant en retrait dans une rue adjacente, moteurs allumés.

Dans le contexte de manifestations contre la réforme des retraites, qui donnent lieu chaque soir depuis l’usage du 49.3 à des mobilisations émaillées de dégradations et d’affrontements avec les forces de l’ordre, la Brav-M « est une unité particulièrement adaptée », a estimé Laurent Nuñez sur France info. Et de fermer la porte à la demande des députés LFI, bien qu’adressée directement à Gérald Darmanin : « Je ne proposerai certainement pas au ministre de l’Intérieur de dissoudre cette brigade. »

Une pétition à l’Assemblée

« Quel est l’intérêt pour le maintien de l’ordre d’aller coller une beigne à un manifestant ? » interroge Antoine Léaument. L’Insoumis prône « une technique de désescalade » pour l’encadrement des manifestations, plutôt que d’« attiser les tensions ». Le syndicat de police Alliance rappelle que les forces de l’ordre agissent actuellement dans un contexte d’« émeutes violentes à coups de mortiers, de pavés et d’engins incendiaires ». Les vidéos de présumées violences sont toujours à prendre avec précaution.

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Les trois députés LFI vont également déposer ce mercredi une pétition sur la plateforme de l’Assemblée nationale. Si elle recueille au moins 500 000 signatures, le sujet peut être mis à l’ordre du jour de la commission concernée, en l’occurrence celle des lois, dont ils sont membres. « Cela permettrait d’avoir une discussion sur le sujet, espère Antoine Léaument, qui estime être « pleinement dans [son] rôle de parlementaire en contrôlant l’action du gouvernement ».

Source: lepoint.fr

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