Le projet de loi immigration, dont l’examen au Sénat à majorité de droite a été reporté, est un texte « indispensable » et qui ne peut pas être « saucissonné », a déclaré jeudi 23 mars le président LR du Sénat Gérard Larcher sur LCI, au lendemain des annonces d’Emmanuel Macron.
Adopté la semaine dernière en commission – avec plusieurs dispositions durcies -, le texte devait être examiné en première lecture dans l’hémicycle à partir de mardi prochain. Le chef de l’État a annoncé mercredi que le projet de loi, qui ne satisfait ni la droite ni la gauche, allait être découpé en « plusieurs textes ».
La conférence des présidents du Sénat (qui réunit notamment l’ensemble des présidents des groupes politiques) a acté mercredi soir le retrait de l’ordre du jour de ce projet de loi controversé, porté par les ministres de l’Intérieur Gérald Darmanin et du Travail Olivier Dussopt. Pour autant, a précisé Gérard Larcher, si le Sénat est « d’accord » pour que le texte soit retiré de l’ordre du jour, son examen « ne peut être que reporté ».
« Il n’est pas question pour la conférence des présidents d’un texte qui soit saucissonné comme cela a été évoqué par le président de la République », a poursuivi Gérard Larcher. Pour le président du Sénat, « une politique migratoire c’est un ensemble ». « C’est un texte, comme les retraites, indispensable, qui doit être débattu sur le fond et qui doit apporter des réponses », a-t-il souligné. « Le passage en slalom est sans doute un exercice intéressant pour les skieurs, mais je pense qu’en politique il faut de la cohérence, du courage », a-t-il affirmé.
« C’est pas ça une politique »
Dans un courrier adressé à Gérard Larcher mercredi, dont l’Agence France-Presse a eu copie, la première ministre Élisabeth Borne explique le retrait du texte initial pour « pouvoir construire avec les deux assemblées, la meilleure méthode afin d’avancer au plus vite sur ces questions majeures, sans mettre en cause les ambitions fortes de ce texte tant sur le volet contrôle de l’immigration que sur le champ de l’intégration ».
M. Larcher a reconnu qu’il avait lui-même demandé le report de l’examen du texte. « Je prends mes responsabilités, c’est moi qui aie évoqué dimanche soir avec le président de la République la nécessité qu’un texte aussi important (soit) examiné dans des conditions apaisées », a-t-il indiqué.
Critiquant une « méthode assez baroque », le député socialiste Jérôme Guedj a rappelé qu’« on nous présentait cette réforme comme étant absolument indispensable, alors que c’est uniquement Macron qui cherchait à courir sur les terres de l’extrême droite ». « Si vous saucissonnez, vous prenez un petit bout par ci, un petit bout par là, c’est pas ça une politique », a-t-il estimé sur Franceinfo. « Faire une loi pour une loi et une loi qui va au final augmenter les problématiques en matière d’immigration, il vaut mieux ne rien faire », a jugé de son côté le député RN Thomas Ménagé sur RMC.