A Nantes, « ce n’est pas une foule qui manifeste, c’est un peuple »
« Marre de simuler ma retraite. Je veux en jouir ». Une marée humaine, arborant des slogans chocs sur les pancartes, a de nouveau investi les rues de Nantes ce jeudi 23 mars pour dire « non » à la réforme des retraites. « Ce n’est pas une foule qui manifeste, c’est un peuple, décoche Isabelle, coach en évolution professionnelle, à la veille de son 42e anniversaire. Ce n’est pas un peuple, ce sont les Françaises et les Français. Il y a une vraie colère. On sort du Covid, il y a l’inflation, la crise du monde de la santé n’est pas résolue. Ce n’était tout simplement pas le moment de mettre cette réforme sur la table. Et pour bien faire, maintenant, Macron va vouloir s’attaquer aux bénéficiaires du RSA. »
La professionnelle indépendante, qui a voté Mélenchon au premier tour de la dernière élection présidentielle et refusé de voter Emmanuel Macron au second, ne veut « pas l’anarchie, ni que ça dégénère » mais réclame que le président de la République « écoute enfin un peu plus les citoyens ».
Le sujet des retraites, fait-elle valoir, aurait dû « a minima être tranché par un référendum ». « Même ce genre de scrutin ne sert pas à grand-chose, reprend Philippe, son compagnon, technicien chauffagiste de 56 ans, qui ne digère pas le vote non respecté concernant l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, projet abandonné par l’Etat en janvier 2018. Il y a là-haut un monsieur qui n’écoute personne… »
« Vu l’allocution de Macron hier, on aurait pu se dire que c’est foutu pour les retraites, poursuit Isabelle. Mais non, on ne veut pas lâcher. On est là et prêts à continuer même si on sait qu’il y aura d’autres gouvernements qui passeront après. » L’intéressée dénonce encore « les stratégies d’évitement de l’impôt de grandes entreprises et de grands patrons », et appelle à une meilleure répartition des richesses, envoyant : « Avant, avec 1 200 €, on pouvait s’en sortir. Maintenant ce n’est plus possible. Une personne séparée, avec deux enfants, c’est foutu pour elle. Pour assurer le quotidien, sans souci, il faut 2 000 € et cette rémunération-là n’est pas à la portée de tout le monde. »