Réforme des retraites : partout en France, des manifestants contre la réforme des retraites dans l’attente de la décision du Conseil constitutionnel

Réforme des retraites : partout en France, des manifestants contre la réforme des retraites dans l’attente de la décision du Conseil constitutionnel

Ne pas lâcher après trois longs mois de lutte. Ne pas se résigner alors que le Conseil constitutionnel n’a pas encore rendu sa décision. Tenir, toujours, arpenter le pavé, encore. Pour dire et redire son opposition à la réforme des retraites, au recul de l’âge de départ de 62 à 64 ans. Pour réaffirmer, aussi, la légitimité de la rue face à celle des urnes.

La fatigue se fait clairement sentir mais les manifestants ont défilé pour la douzième fois, jeudi 13 avril, à Paris et partout en France. Les records de participation sont loin, l’affluence ayant baissé pour la troisième fois de suite. Dans la capitale, la Préfecture de police a compté 42 000 manifestants (contre 57 000 le 6 avril) tandis que la CGT en revendique 400 000. Un essoufflement observé un peu partout. C’est le cas à Bordeaux (entre 6 200 et 40 000 personnes), à Toulouse (9 000 à 70 000), à Nantes (10 000 à 25 000), à Rennes (6 500 à 15 000), à Strasbourg (3 400 à 9 500) ou encore à Limoges (2 000 à 13 000). Dans les cortèges planent comme une ambiance de fin de soirée. Restent les fêtards invétérés, qui veulent profiter jusqu’au bout des derniers instants.

A Paris, le 13 avril 2023.

A Lyon, la manifestation, qui a réuni 9 900 personnes selon la préfecture, 22 000 selon l’intersyndicale, a commencé par des fleurs, accrochées par des sapeurs-pompiers de Solidaires sur les boucliers des CRS. Elle s’est terminée, trois kilomètres après, dans les heurts et les gaz lacrymogènes, place Charles-Hernu à Villeurbanne. Pour Stéphane Front, « c’est peut-être le baroud d’honneur ». L’archiviste de 61 ans a « peur que ce soit la dernière ». Son épouse, Delphine, avoue que « financièrement, c’est épuisant ». « Si le Conseil constitutionnel annule des dispositions de la loi, on sera légaliste, mais tout cela laissera des traces », affirme la bibliothécaire de 51 ans.

« Prêtes à se battre longtemps »

Le cortège à Ouessant (Finistère), le 13 avril 2023.

Car les regards sont désormais tous tournés vers le Conseil constitutionnel, qui doit rendre sa décision vendredi 14 avril. Des dizaines de gendarmes mobiles en rangs serrés protégeaient l’institution de la rue de Montpensier, située sur le trajet du cortège parisien allant de la place de l’Opéra à celle de la Bastille. Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a par ailleurs annoncé, jeudi, que toute manifestation serait interdite aux abords de l’instance de jeudi soir à « samedi 4 heures ».

Les espoirs de voir la loi censurée sont toutefois assez faibles chez les opposants à la réforme. « Je suis convaincu que la loi va être validée avec peut-être un ou deux éléments retoqués », considère Fabien, 38 ans. Ce professeur d’histoire dans l’Oise « n’attend plus rien », c’est pour lui « le meilleur moyen de ne pas être déçu ». Chacun y va pourtant de son pronostic. Agathe et Charlotte, en master à Paris-VIII, sont venues manifester « pour la première fois ». Les deux jeunes filles « espèrent » que la loi sera jugée anticonstitutionnelle, mais ne se font pas trop d’illusion. « Pour demain, je ne sais pas, mais si on n’y croyait plus du tout, on ne serait pas là, insiste Charlotte. Mes parents sont profs et très mobilisés, ils seront impactés par la réforme, c’est invivable pour eux, c’est aussi pour ça que je me mobilise. »

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