l’enquête du « Point » sur le regard des Français  | EUROtoday


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Depuis le début du mouvement MeToo, la query des violences sexistes et sexuelles s’est imposée au premier plan du débat public. Quatennens ou Bayou chez les politiques, accusations visant des réalisateurs et acteurs connus, notamment portées par Judith Godrèche, procès Bedos, et plus récemment le procès opposant l’ex-directeur de Sciences Po à son ex-compagne… Les cas se succèdent et même s’ils ne se ressemblent pas, ils contribuent tous à façonner et bousculer l’opinion publique.

L’enquête sur les violences sexuelles et sexistes réalisée par Cluster 17 pour Le Point vise précisément à faire le bilan des conséquences de la couverture médiatique des affaires de « VSS » médiatisées sur l’opinion. Elle met en évidence le fait que les fractures qui traversent la société sont loin de se résumer simplement au clivage gauche/droite.

L’âge et le niveau de diplôme sont les éléments les plus structurants

Le rapport aux règles, très strict chez les électorats populaires et conservateurs alors que les progressistes privilégient présomption d’innocence et droit à la réhabilitation, mais aussi le rapport aux élites jouent un rôle déterminant dans la manière dont les Français se positionnent sur les questions qui reviennent de manière récurrente dans le débat public, souvent à la faveur de procès ultramédiatisés.

L’enquête démontre également que l’âge et le niveau de diplôme sont les éléments les plus structurants, davantage que l’orientation politique des répondants. Les plus jeunes, bien que très féministes, sont plus attachés à la réhabilitation potential des condamnés et plus réticents à l’idée que les personnalités publiques devraient être particulièrement exemplaires (à l’exception notable des politiques, pour qui ils n’ont aucune clémence).

À LIRE AUSSI #MeToo : sept ans après, l’heure du bilanLes plus diplômés suivent les mêmes orientations. Les plus âgés et les moins diplômés sont quant à eux globalement favorables à des sanctions très dures, sans rédemption potential, et soutiennent l’idée d’un devoir d’exemplarité des élites.

L’élément étonnant à retenir de cette enquête est le décalage entre l’électorat de gauche et le discours des responsables politiques et militants féministes, souvent très durs avec les personnes reconnues coupables de violences, au level de leur refuser de pouvoir un jour exercer à nouveau leur métier ou leurs droits civiques. Dans sa majorité, l’électorat de gauche n’a pas basculé dans le populisme pénal.

L’illusion que les violences sexistes et sexuelles se concentrent chez nos élites

Lorsqu’on leur demande si les violences sexuelles et sexistes sont plus fréquentes dans le monde politique que dans le reste de la société, une majorité relative (44 %) répond par l’affirmative. Cette notion d’un milieu politique particulièrement toxique en la matière est très répandue chez les Français se classant « très à gauche » ou « très à droite », ceux qui sont le moins diplômés, mais aussi chez les plus jeunes.

Lorsqu’on pose la même query sur le milieu du sport professionnel, la half de Français considérant que les VSS y sont plus présentes que dans le reste de la société est encore plus grande, à 49 %.

Enfin, s’agissant du milieu du cinéma, l’impression que les VSS y sont beaucoup plus répandues qu’ailleurs est partagée par près des deux tiers des Français (64 %). Cette notion est particulièrement marquée chez les électeurs de Mélenchon (70 %), de Pécresse et Le Pen (70 %), les cadres et professions intellectuelles supérieures (69 %), et les diplômés Bac+5 (67 %).

À LIRE AUSSI « Personne n’a défendu l’enfant que j’étais » : la colère d’Adèle Haenel au procès de Christophe RuggiaDerrière ces résultats, c’est notamment la responsabilité des médias, mais aussi des méthodes et priorités des associations militantes féministes qui sont interrogées. Car il est beaucoup plus facile (et rentable…) de rendre visibles les violences lorsque les victimes ou les auteurs sont des célébrités, que de contribuer à la prise de conscience du fait que les VSS parcourent l’ensemble des courses sociales et des milieux professionnels.

Le risque est évidemment que la distorsion des perceptions contribue à la déresponsabilisation ou au déni chez une partie des citoyens, qui ne se sentent pas concernés parce qu’ils croient que les VSS n’existent pas, ou peu, autour d’eux. Ce risque de la mise à distance par des citoyens ne se sentant pas concernés par les VSS ne doit pas être négligé.

Sanction des auteurs de VSS : les conservateurs au secours des progressistes

L’une des questions qui se pose de manière récurrente, pour les auteurs de violences sexuelles et sexistes comme pour les personnes reconnues coupables d’autres crimes et délits, est le rôle que la société assigne à la sanction. Doit-elle mettre définitivement au ban de la société, ou au contraire permettre la réhabilitation et la réinsertion une fois la peine purgée ?

Les attitudes des Français sont très partagées sur le sujet, avec d’un côté des milieux populaires et conservateurs ayant une angle très répressive, et de l’autre, les milieux progressistes, qui considèrent que la réhabilitation fait partie de l’objectif de la sanction. Lorsqu’on leur demande si une personne doit pouvoir continuer à exercer son métier – c’est-à-dire se réinsérer dans la société – après avoir été condamnée pour violences sexistes et sexuelles et avoir purgé sa peine, 49 % des Français répondent par l’affirmative, et 40 % par la négative.

À LIRE AUSSI En Suède, une loi très stricte sur le viol après la bascule #MeTooChez les partisans de la seconde probability, on trouve une majorité des sympathisants de la gauche dans toutes ses composantes : 57 % des personnes se positionnant « très à gauche », 59 % se positionnant « à gauche », 61 % « plutôt à gauche », mais aussi 57 % des électeurs Mélenchon et 54 % des électeurs Macron.

Ceux qui veulent cumuler le bannissement social à la sanction pénale, en revanche, sont les électeurs les plus conservateurs : 51 % des électeurs Le Pen, 51 % des électeurs se positionnant à droite, 48 % des électeurs se positionnant très à droite, la moitié des diplômés ayant le niveau du bac ou inférieur, mais aussi 46 % des personnes ayant entre 65 et 74 ans. Ces catégories sont globalement celles dont le rapport à la sanction est le plus strict, dans tous les domaines.

Les choses se compliquent quelque peu lorsque la personne impliquée dans des actes de violence sexiste et sexuelle appartient à l’élite. Quand c’est un acteur, ceux qui considèrent qu’il ne doit plus pouvoir tourner des movies ou des séries après avoir purgé sa peine (45 %) sont presque aussi nombreux que les partisans de la seconde probability (47 %). Quand c’est d’un footballeur qu’il s’agit, les résultats sont sensiblement les mêmes.

À LIRE AUSSI Violences sexistes et sexuelles : « L’école est un espace à risque »Et dans la lecture des résultats, on voit que différentes attitudes politiques se combinent pour expliquer les positionnements :

– Le rapport à la norme explicité ci-dessus, départageant les conservateurs et les milieux populaires d’une half, et les progressistes de l’autre.

– Les attitudes anti-élites : les segments de la gauche qui sont les plus anti-élites basculent contre le retour des « élites » condamnées à la vie sociale, contrairement à ce qu’ils souhaitent pour les citoyens lambdas condamnés pour des faits similaires. 

Par la combinaison de ces différentes attitudes politiques se constitue, sur la query spécifique des VSS commises par ou bien visant des élites, une forme de coalition inconceivable alliant une partie de la gauche (la plus défiante vis-à-vis des élites) avec les segments les plus répressifs et conservateurs de la société.

Les politiques, bouc émissaire favori de la société

Les politiques ne sont pas des élites comme les autres. C’est la conclusion que l’on peut tirer – une fois de plus ! – des réponses à notre sondage. Et si elle ne surprendra personne, il conviendrait de commencer à s’en inquiéter sérieusement avant que plus personne ne veuille s’engager et consentir les sacrifices de plus en plus importants demandés à nos élus.

Seulement 26 % des Français considèrent qu’un élu condamné pour VSS doit pouvoir se présenter aux élections après avoir purgé sa peine. Ici, c’est l’idée que se font les citoyens du devoir d’exemplarité des élites qui prime sur les notions d’égalité devant la loi ou sur de réhabilitation potential de tout condamné. La gauche penche sur ce level, dans son écrasante majorité, tout comme la droite, contre la possibilité d’une réhabilitation civique des condamnés.

Parce que les politiques ne sont pas considérés comme des élites comme les autres, les Français sont très nombreux à penser qu’ils doivent être punis plus sévèrement que les citoyens ordinaires pour les mêmes faits. 48 % sont favorables à des peines plus dures. Et même si, à gauche, une majorité se déclare défavorable à des peines plus dure pour les élus que pour les citoyens, cette majorité n’est pas giant (55 % des électeurs se positionnant « plutôt à gauche », et 53 % de ceux qui se positionnent à gauche, par exemple).

À l’opposé, 62 % des électeurs de Marine Le Pen souhaitent des peines plus dures pour les élus, reflet de leurs attitudes anti-élites très marquées (et dont la patronne du RN risque de faire les frais si elle était condamnée dans le cadre du procès des assistants parlementaires du RN…).

À LIRE AUSSI Le viol rétrospectif n’existe pasLa segmentation par âge et par niveau de diplôme fait apparaître des clivages très nets, avec, d’un côté, les moins diplômés et les retraités qui se déclarent favorables à des peines plus dures pour les élus, et de l’autre, les plus jeunes et les plus diplômés qui s’opposent clairement à des peines différentes selon que l’on est élu ou non.

Alors que 48 % des Français sont pour condamner plus sévèrement les élus que les citoyens ordinaires, ils sont beaucoup moins enclins (36 %) à demander des peines plus sévères pour les stars (acteurs, chanteurs, footballeurs…). Ce qui conforte l’idée, encore une fois, que les élus sont des élites à half. Et cela devrait faire réfléchir, par exemple, ceux qui – militants féministes ou magistrats – ont applaudi la peine très dure infligée au réalisateur Nicolas Bedos.

L’idée que les élites politiques sont en général condamnées moins sévèrement que les citoyens ordinaires pour des faits équivalents est très répandue : 51 % partagent cette opinion. Seulement 26 % des Français considèrent qu’en matière de VSS, les politiques reçoivent des peines équivalentes à celles des citoyens ordinaires.

Le sentiment qu’ils font l’objet d’une clémence particulière des juges est partagé par 63 % des électeurs Le Pen, 66 % des électeurs Mélenchon, 63 % des Français les moins diplômés, mais aussi plus de 60 % des moins de 35 ans. Ici, on observe que les retraités se désolidarisent des catégories populaires, ce qui est rarement le cas sur ces sujets : ils sont une minorité à juger que les élus sont condamnés moins sévèrement que les citoyens ordinaires.

De même, les plus jeunes penchent du côté des catégories populaires, alors qu’ils sont le plus souvent proches des attitudes des personnes ayant un fort capital éducatif et culturel dans les autres questions.

Les électeurs de gauche résistent au populisme pénal de leurs élites

La croyance dans la capacité des peines plus sévères infligées aux personnalités publiques à inciter les citoyens à changer leurs comportements se concentre dans les franges les plus anti-système, conservatrices et répressives de la inhabitants. Au whole, 43 % des Français pensent qu’appliquer des peines plus sévères aux élites incitera les citoyens à changer, dont 57 % des électeurs Le Pen, 49 % des 65-74 ans et 56 % des plus de 75 ans, et 60 % des personnes ayant un niveau de diplôme inférieur au bac.

En revanche, les électeurs progressistes se méfient de la demande d’exemplarité en matière de VSS : 56 % des électeurs Mélenchon, 54 % des personnes s’auto-positionnant à gauche, 58 % de ceux qui se positionnent plutôt à gauche, mais aussi 66 % des 18-24 ans, 60 % des cadres et professions intellectuelles supérieures et 58 % des personnes ayant un niveau de diplôme Bac +5 ou supérieur jugent que l’exemplarité des punitions infligées aux personnalités publiques ne permettra pas d’inciter les citoyens à changer leurs propres comportements.

À LIRE AUSSI Julien Bayou : « Marine Tondelier, Cyrielle Chatelain, accepteriez-vous que des dizaines de milliers d’adhérents soient appelés expressément à fabriquer un file à cost contre vous ? »Il y a donc là une déconnexion entre la base traditionnelle de la gauche, et la plupart des responsables politiques et des associations féministes qui focalisent leurs efforts de transformation des comportements sur la demande d’exemplarité des personnalités publiques – les cas les plus récents illustrant cette tendance sont nombreux, dans le monde du cinéma comme de la politique par exemple.

De manière générale, cette étude permet de voir que dans une giant majorité, l’électorat progressiste (composé essentiellement des plus diplômés, des catégories sociales supérieures, et des plus jeunes) n’a pas basculé dans le populisme pénal à la suite des dirigeants politiques et associatifs de gauche qui s’y engouffrent de plus en plus depuis le début du mouvement #MeToo.

L’électeur de gauche moyen est favorable à l’idée de donner une seconde probability aux condamnés (sauf s’il est un responsable politique) et réticent envers les peines exemplaires. Tout l’inverse des responsables politiques qui, lorsqu’il s’agit d’acteurs ou de réalisateurs, réclament des peines plus dures que pour les citoyens ordinaires, et souhaitent les empêcher à jamais d’exercer leur métier au nom du devoir d’exemplarité qui incomberait aux personnalités publiques.

La crédibilité de la parole des femmes

Seul sujet qui fasse véritablement l’objet d’un clivage gauche-droite « classique », si l’on peut encore dire les choses ainsi : la crédibilité accordée par les Français à la parole des victimes.

Lorsqu’on leur demande remark ils perçoivent la parole des femmes impliquées dans des affaires de VVS, seulement 13 % répondent leur faire confiance sans réserve. Près de la moitié des Français (47 %) répond « j’ai tendance à leur faire confiance, tout en restant prudent ». 16 % pensent qu’il peut y avoir des cas où elles exagèrent et mentent, et 16 % pensent que certaines peuvent être motivées par des intentions personnelles (vengeance, recherche de publicité) ».


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Ceux qui accordent le plus de crédit à la parole des victimes présumées de violences sont les électeurs de gauche : 33 % des électeurs Mélenchon leur font confiance, sans réserve, et 52 % « tout en restant prudents ». Les électeurs du reste de la gauche sont plus prudents.

À droite, 27 % des électeurs Pécresse pensent qu’il peut y avoir des cas où les victimes présumées exagèrent ou mentent, et 15 % pensent qu’elles peuvent être motivées par des intentions personnelles. Chez les électeurs de Marine Le Pen, ces proportions sont sensiblement les mêmes, à 32 et 17 %. Quant aux électeurs d’Éric Zemmour, seulement 2 % accordent aux victimes présumées leur confiance sans réserve, alors qu’à l’opposé, 30 % pensent que certaines victimes peuvent être motivées par des intentions personnelles comme la vengeance ou la recherche de publicité.


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