« Ma musique peut être la prochaine pop » | EUROtoday

« Ma musique peut être la prochaine pop » | EUROtoday

Silhouette sombre et élancée, teint diaphane, lunettes de soleil Balenciaga vissées sur le nez comme un rempart contre le monde. Impossible de manquer Aime Simone lorsqu’il franchit la porte des locaux du Point vêtu d’un jogging noir et rouge. Ces deux teintes, emblématiques de son nouvel album REV, attendu le 4 avril, semblent déjà faire corps avec lui, comme une seconde peau.

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Son ascension, pourtant, n’a rien d’habituel. Autodidacte, ancien model, il a forgé son expertise musical loin des sentiers conventionnels. En France, tout begin presque par hasard. À l’automne 2022, une publicité pour Leroy Merlin propulse son morceau « Shining Light » sur le devant de la scène. Extrait de son premier album Say Yes, Say No (2020), la chanson devient un phénomène, se hissant dans le high 6 des titres les plus recherchés sur Shazam. Une porte s’ouvre, et Aime Simone s’y engouffre avec une détermination tranquille, imposant son type qu’il qualifie de « post-pop » : un mélange audacieux de profondeur émotionnelle et d’expérimentation sonore.

Avec REV, Aime Simone ne se contente pas de raconter des histoires. Ce troisième album porte en lui de multiples significations – révolution, revanche, révélation, rêve – et se déploie comme un mythe moderne à travers des compositions imaginées comme des nouvelles, oscillant entre rêves et cauchemars. Les premiers singles déjà dévoilés donnent le ton de cette œuvre ambitieuse où chaque morceau semble raconter un fragment d’une histoire plus vaste.

Protégé de Pete Doherty et de Hedi Slimane à ses débuts, l’artiste franco-norvégien a su tracer sa propre voie pour créer un univers musical où cohabitent mélancolie et espoir. Alors que sa tournée culminera à l’Olympia en novembre 2025, il revient sur la genèse de cet album qu’il décrit comme une catharsis, un cri, une quête. Aime Simone, c’est une voix, un type, mais surtout une imaginative and prescient : celle d’un artiste qui, à chaque observe, semble chercher à réconcilier l’ombre et la lumière.

Le Point : Comment est né ce troisième album ?

Aime Simone : C’était un besoin de transformation, de voyage, et d’émancipation. On discover des thèmes comme la revanche, la révolte, la révélation. C’est une œuvre sur le fight intérieur et le destin, où la fiction permet d’aller plus loin dans l’intime. Derrière le masque, on peut être encore plus sincère et vulnérable, un peu comme avec la technologie. REV, c’est à la fois le rêve et l’idée d’un idéal.

Et la couverture ?

Elle reprend une fleur de lys, symbole de royauté, mais inversée pour incarner la révolte, le renouveau, la renaissance, loin des dogmes. REV évoque à la fois le rêve et des notions comme révolution, revanche, révélation. Phonétiquement, il renforce l’side imaginaire et fictif de l’album.

L’album se déroule dans un futur dystopique où les machines contrôlent l’humanité. Comment est née cette réflexion sur notre rapport aux applied sciences ?

C’est une problématique contemporaine. L’idée des machines contre les hommes a été explorée maintes fois, mais nous avons voulu y apporter une mythologie personnelle. On a mêlé science-fiction et symboles bibliques, comme les anges et les démons, pour créer une dystopie distinctive. L’histoire swimsuit un personnage qui, voulant devenir ange, s’échappe d’un paradis qui se révèle être une création des machines pour contrôler l’humanité. Dans sa révolte, il retrouve son humanité.

Quelles œuvres ont inspiré cette histoire ?

Beaucoup d’influences se croisent. Un livre m’a particulièrement marqué : Le Paradis perdu de John Milton, revisité par les illustrations gothiques de Gustave Doré. Ce récit, qui revisite Lucifer et le paradis, m’a inspiré à mélanger mythologie, symboles religieux et science-fiction pour construire un univers narratif riche et immersif.

Vous vous êtes fait connaître en 2022 grâce à une publicité. Avec le recul, remark avez-vous vécu cette exposition soudaine ?

C’était une expérience assez singulière. Tout est parti d’une publicité, puis la chanson a commencé à tourner à la radio. Les gens connaissaient « Shining Light », mais pas nécessairement l’artiste derrière. Il y avait un vrai décalage entre mon picture publique et ma musique. Mon parcours n’a pas été linéaire ni vraiment prévisible. Beaucoup ont projeté des choses sur moi sans me connaître, ce qui a parfois créé une forme de malentendu.

Cela a-t-il été difficile d’enchaîner après ?

Oui, automobile « Shining Light » ne reflétait pas entièrement mon univers. Certains n’ont pas accroché au reste de ma discographie ou à mon esthétique, mais d’autres ont été touchés par ce contraste. Avant cela, j’avais déjà connu un succès plus organique avec une autre chanson, notamment en Ukraine, où ma musique a trouvé un écho particulier.

Vous travaillez avec votre épouse, Sonja, qui est votre collaboratrice principale. Comment cela fonctionne entre vous ?

Sonja est la directrice artistique et ma collaboratrice principale. C’est avec elle que l’on compose la musique et que l’on construit tout l’univers autour du projet, et pas seulement celui-ci, mais tous les projets. Elle est restée un peu dans l’ombre, mais elle est essentielle.

Comment faites-vous pour dissocier votre vie personnelle de votre vie artistique, surtout avec une telle fusion artistique ?

Pour nous, il n’y a pas de séparation. Notre vie, c’est notre artwork. Depuis que l’on s’est rencontrés, on crée ensemble. C’est la base de notre relation. On ne voit pas notre musique, notre artwork, notre carrière comme quelque selected de séparé de notre vie. On a une fille ensemble, et cela fait partie d’un projet artistique plus giant. Elle encourage notre musique. Depuis le premier album, elle écoute, elle donne son avis. Elle a 6 ans, mais elle est très impliquée. Notre vie affect notre musique et notre artwork.

Dans cet album, vous endossez des personnages. Pouvez-vous en parler ?

Oui, il y a des personnages qui ne sont pas que moi. Ils prennent une partie de moi, mais sont extrapolés, transcendés, exagérés. Ce sont des alter ego. Cela m’a permis d’expérimenter avec la voix, d’explorer des tessitures différentes. Parfois, la voix est douce et aérienne, parfois dure et menaçante. Cela a aidé au développement narratif et à l’exploration sonore. Il y a des influences variées : punk, post-punk, entice, soul. C’est un mélange atypique et distinctive.

À LIRE AUSSI Le clip vidéo est-il en prepare de disparaître ? On a souvent accolé l’étiquette de « post-pop » à vos albums. Comment décririez-vous votre musique aujourd’hui ?

C’est toujours de la pop dans son écriture et ses buildings, mais c’est ma imaginative and prescient de la pop, différente de ce qu’on a l’habitude de voir. Il y a des influences rap, mais cela reste des chansons avec des buildings pop. On essaie de pousser le format, de tester ses limites, de faire avancer le style à notre échelle. On veut que les auditeurs soient challengés, qu’ils ne soient pas passifs. C’est notre responsabilité de les engager et de les habituer à des sonorités nouvelles.

Votre communauté est très engagée. N’avez-vous pas peur de la heurter avec cet album, qui représente une rupture ?

J’ai deux varieties d’viewers. Un noyau dur de followers qui veulent me voir innover et tester des choses, et une viewers plus giant, plus passive, exposée à ma musique by way of la radio ou la télé. C’est peut-être cette dernière qui pourrait être heurtée, mais ce n’est pas l’viewers que je cherche à atteindre. Je ne fixe pas d’objectifs commerciaux. Je fais de la musique pour moi, dans mon studio, entre Berlin et Paris.

Et vous croyez que votre musique puisse devenir grand public ?

Je pense que ça peut être la prochaine pop, que ça peut ouvrir des portes. Certains pourraient dire qu’il faut vendre tant d’albums ou qu’il aurait été opportuniste d’essayer de percer encore plus, surtout dans une part de croissance. Mais moi, je ne peux pas attendre. J’essaie de saisir le second, automobile rien n’est garanti. Même si j’avais essayé d’être dans une optique plus commerciale avec des objectifs précis, rien n’aurait été garanti. J’aurais compromis quelque selected d’artistique pour peut-être me planter et être doublement déçu : ne pas avoir écouté ce que je ressentais et avoir sacrifié ma créativité pour un objectif business.

Vous parliez de vos influences. Quels artistes actuels vous inspirent ?

Il y a des artistes suédois qui sont dans un mélange entice, expérimental, pop, un hybride européen qui a réussi à aller jusqu’aux États-Unis, avec une communauté globale. Mais je n’écoute pas forcément beaucoup de musique actuelle. Pour cet album, mes influences ne sont pas que des artistes actuels. Dans l’side punk et post-punk, je citerais les Sex Pistols, Joy Division, et un groupe moins connu, The Sound.

Et dans d’autres genres ?

En entice, je dirais Chief Keef et Drain Gang. En witch home, un sous-genre plus obscur, je citerais Salem et Crystal Castles. Sinon, il y a aussi des influences soul, comme Amy Winehouse ou Jeff Buckley. Tout ça fait partie des influences de cet album.

Vous abordez dans votre album un thème de paradis artificiel contrôlé par des machines. Est-ce un futur qui vous fait peur ?

Je suis partagé. Une partie de moi a peur, une autre est préoccupée. Les progrès sont tellement rapides qu’on se demande jusqu’où ça ira. Les movies de science-fiction deviennent presque banals par rapport à ce qu’on vit. Mais j’essaie de vivre avec mon temps, sans jugement.

Votre look est incroyable, avec cette veste et ces lunettes. Comment l’avez-vous conceptualisé ?

Les esthétiques font partie de mon way of life. C’est une façon de me plonger dans un état émotionnel, une angle, une mentalité. Pour moi, les vêtements sont comme une armure, une supply d’énergie et d’inspiration. Je ne dissocie pas l’side visuel de la musique. C’est un tout : vidéos, photographs, son.

Votre look cache-t-il une sensibilité à fleur de peau ?

Non, je ne joue pas un rôle. Je suis moi-même, que ce soit sur scène ou dans la vie quotidienne. Cela peut déranger ou inspirer, mais je ne me pose pas trop de questions.

Votre musique est très écoutée en Ukraine. Comment cela a-t-il commencé ?

En 2020, en pleine pandémie, ma musique a été découverte par des gens à Odessa et Kiev. Ils l’ont jouée dans leurs soirées, et j’ai commencé à recevoir des vidéos de golf equipment où des foules chantaient mes paroles par cœur. C’était bouleversant, d’autant plus que je ne pouvais pas m’y rendre. Ensuite, des DJ ont remixé mes morceaux, et ma musique est devenue un peu leur hymne. Avec la guerre, ces chansons ont pris une autre résonance, mais elles continuent d’être écoutées là-bas.

Vous avez eu des retours de la half d’auditeurs ukrainiens ?

Oui, des messages très forts. Par exemple : « J’écoute ta chanson dans un métro où je me réfugie pendant un bombardement. » C’était intense. D’autant plus que c’est mon premier vrai succès organique, profondément connecté à une communauté, avec ce mélange de lumière et d’ombre qui me touche.

Avez-vous gardé un lien avec l’Ukraine ? Envisagez-vous d’y retourner ?

Oui, je suis toujours en contact avec des DJ là-bas, même si beaucoup ont dû fuir pour éviter l’enrôlement forcé. Mon prochain projet sera disponible sur les plateformes de streaming, donc accessible en Ukraine. Je n’ai pas encore pu y retourner, entre la pandémie et la guerre, mais j’aimerais y jouer un jour. Ce serait un second symbolique, comme « boucler la boucle ». Je ne sais pas quand, mais je sais que je veux vivre ça.

Votre succès semble venir de biais différents, pas forcément des réseaux sociaux. Pourquoi ?

Ce n’est pas mon truc. Je ne pense pas être un artiste des réseaux sociaux. Pendant longtemps, j’ai gardé mon compte Instagram en privé. Je suis plus un artiste du réel. Les gens me découvrent surtout lors de live shows et d’événements physiques. C’est là que je touche le plus de monde et que je convaincs. Je ne suis pas très connecté aux réseaux sociaux, même si je suis personnellement très présent sur Internet.

Vous avez une imaginative and prescient musicale à lengthy terme ?

Oui, je vois la musique comme un héritage, une discographie, des mondes à créer. Dans un monde où tout est éphémère, je préfère me concentrer sur le lengthy terme. Je sais que je ferai des albums toute ma vie. Rien n’est figé à l’avance, automobile la musique, c’est capturer une émotion à un instantaneous T sans la dénaturer.

À LIRE AUSSI L’IA sème la panique dans l’industrie musicaleAvez-vous recours à l’intelligence artificielle pour produire des chansons ?

Pas encore pour la manufacturing, mais je ne suis pas contre. L’IA fait déjà partie de nos vies, même inconsciemment. Par exemple, sur des logiciels comme Logic (logiciel de musique assistée par ordinateur), il y a des outils assistés par IA pour le mixage. Pour l’side method, je trouve cela intéressant. Mais pour la créativité pure, comme l’écriture des chansons, je mets une barrière. L’IA peut libérer du temps pour la créativité, mais si elle remplace à la fois la method et la créativité, on perd tout.

Que pensez-vous des débats éthiques sur ce sujet ?

Ce sont des questions importantes : qu’est-ce que cela consomme comme énergie ? Où cela mène-t-il ? Est-ce contrôlé ? Cela me rappelle les débuts de l’autotune, qui était très critiqué. Aujourd’hui, l’autotune est partout. Je pense que l’IA suscite une réaction encore plus forte, notamment sur le plan éthique.


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Pensez-vous que l’IA va transformer la musique ?

Oui, mais cela va aussi créer une contre-culture. Je pense que nous sommes dans une époque où il faut se révolter, se battre pour des enjeux clairs. C’est un peu l’esprit de mon album : être rebelle, prendre place, ne pas être passif.



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