Elisabeth Borne engage un dernier round de négociations sur la réforme des retraites

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Elisabeth Borne recevra mardi et mercredi les partenaires sociaux, à quelques jours de la présentation de la réforme des retraites.

Dernières discussions en vue. A une semaine de la présentation de la réforme des retraites, le projet-phare du second mandat d’Emmanuel Macron, Elisabeth Borne, la première ministre, doit recevoir mardi et mercredi les partenaires sociaux pour les derniers entretiens concernant cette réforme controversée, à laquelle s’oppose une majorité de Français, dans le contexte inflammable d’un pouvoir d’achat rogné par l’inflation.

L’ensemble des syndicats et l’essentiel des oppositions contestent le projet de l’exécutif de reporter progressivement l’âge de départ de 62 à 65 ans, ou à 64 ans avec un allongement de la durée de cotisation.

Le report de sa présentation du 15 décembre au 10 janvier a, certes, permis à la cheffe du gouvernement d’entendre à nouveau, avant Noël, les groupes politiques, puis, cette semaine, les partenaires sociaux. Mais Emmanuel Macron reste déterminé : « Cette année sera celle d’une réforme des retraites » appliquée « dès la fin de l’été », a-t-il répété samedi lors de ses vœux aux Français. Le président de la République a évoqué samedi un « allongement [des] carrières de travail progressif » sur « près de dix ans ». La réforme tiendra compte « des carrières longues, des carrières hachées, de la difficulté de certaines tâches », elle permettra d’« équilibrer le financement » du système et d’« améliorer la retraite minimale », a-t-il fait valoir. L’exécutif espère au moins, grâce aux mesures sur la pénibilité, une « absence d’opposition frontale » de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), explique un conseiller.

Tous les syndicats prêts à se mobiliser

Elisabeth Borne espère néanmoins rallier Les Républicains (LR), favorables à un report de l’âge de départ à la retraite. Elle doit revoir à cet effet leur président, Eric Ciotti. Sans LR, le gouvernement, qui ne dispose que d’une majorité relative, serait obligé d’utiliser l’article 49.3 de la Constitution, qui permet l’adoption d’un texte sans vote.

Pour la première fois depuis douze ans et la réforme Woerth (qui avait relevé l’âge légal de 60 à 62 ans) tous les syndicats sont prêts à se mobiliser ensemble contre la réforme annoncée. Y compris la CFDT, sur une ligne plus ferme depuis son dernier congrès contre toute « mesure d’âge ».

Mme Borne aura du mal à amadouer son patron, Laurent Berger, qui a fait part de sa colère en découvrant juste avant Noël, dans le projet de décret réformant l’assurance-chômage, « une disposition encore plus dure pour les chômeurs sans qu’il en ait été question dans la concertation ».

C’est par la mobilisation « dans la rue » qu’il sera possible de « faire reculer » la réforme des retraites, a prévenu lundi la nouvelle patronne d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Marine Tondelier. « Ça va chauffer en janvier », a prédit samedi le fondateur de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.

« Il n’y a que les retraités, les 65 ans et plus, qui se déclarent favorables » à cette reforme, note Frédéric Dabi, directeur de l’Institut français d’opinion publique (IFOP). M. Dabi voit toujours « un contexte de “gilets-jaunisation” » de la société française, avec « le travail qui paie mal », un « sentiment de déclin » et une « inflation qui n’existait pas en 2018 ». « Les ferments d’une explosion sociale sont là » et une « étincelle pourrait tout embraser », prévient-il.

Réformer les retraites en France « est toujours très compliqué », de surcroît dans un climat « marqué par de fortes tensions sur le pouvoir d’achat » et les salaires, insiste Jérôme Fourquet, directeur opinion à l’IFOP. Un exercice d’autant plus délicat au moment où le gouvernement présente d’autres textes contestés, notamment sur l’immigration et les énergies renouvelables. Mais, pour M. Fourquet, une réforme des retraites, « c’est aussi des gages donnés à nos partenaires européens » pour « négocier une forme de “quoi qu’il en coûte” ». Brice Teinturier, de l’institut Ipsos, reste de son côté prudent sur l’ampleur de la mobilisation, car le contexte « n’est pas très favorable à des dynamiques collectives ».

Le Monde avec AFP