La gauche anti-Mélenchon montre ses muscles à Montpellier

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« Mais non, ce n’était pas un rassemblement anti-Nupes, jure le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol. D’ailleurs, on n’a prononcé qu’une fois le nom de Mélenchon. » Si son jeune courant, Refondations, a réuni 400 personnes, élus, militants, syndicalistes, politologues, éditorialistes, dans un amphi de la faculté d’économie de Montpellier, pendant trois jours, jusqu’à ce dimanche, c’est pour phosphorer sur les grands sujets : le réchauffement climatique, le pouvoir d’achat, l’Europe, l’incarnation par la gauche d’une « promesse républicaine »…

« Nous avons invité tout le monde à gauche à discuter avec nous », souligne la première secrétaire du PS parisien, Lamia El Aaraje, co-porte-parole du courant, qui pèse 30 % au PS. Communistes, écologistes, radicaux de gauche en étaient. Tout comme la cheffe de file de l’autre courant anti-Nupes du PS (20 %), la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy.

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L’ancien candidat à la présidentielle, Benoît Hamon, aujourd’hui directeur général de l’ONG Singa, et qui « n’avait plus parlé dans des rencontres socialistes depuis 2017 », y a livré un brillant discours, samedi matin, sur l’immigration. « Il y a probablement plus de personnes qui se sont levées pour applaudir Benoît que de gens qui ont voté pour lui en 2017 », a ironisé, dans la foulée, le président EELV de la métropole de Lyon, Bruno Bernard, s’attirant des sifflets.

La gauche, ça ne se caporalise pas !Michaël Delafosse

Absents, le président du PRG, Guillaume Lacroix, l’ancien Premier ministre, Bernard Cazeneuve et l’eurodéputé Raphaël Glucksmann se sont fendus d’une petite vidéo. Mais aucun Insoumis à l’horizon. « Nous avions invité Clémentine Autain, Manon Aubry et Alexis Corbière », glisse l’un des organisateurs.

Également convié, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a ostensiblement boudé le raout de ses opposants. « Un premier secrétaire ne devrait pas être un premier sectaire », tacle Nicolas Mayer-Rossignol, qui assure lui avoir donné toutes les garanties pour venir s’exprimer devant son courant. « La gauche, ça ne se caporalise pas ! s’agace le maire de Montpellier, Michaël Delafosse. On a demandé à certains de ne pas venir. Je trouve ça nul. » Seul membre de la direction nationale à avoir fait le déplacement, le député de Seine-Maritime, Philippe Brun, a été chaleureusement applaudi par les « refondateurs ».

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Embouteillage en vue pour 2027

« Notre courant est installé dans le paysage politique. Il a vocation à perdurer et à aller vers des conquêtes internes et électorales », ambitionne Lamia El Aaraje. La concurrence s’annonce rude. L’ex-premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a organisé sa propre réunion à Paris, à la mi-mai. Hélène Geoffroy réunira son courant en juillet, à Lyon. Et Bernard Cazeneuve lancera son propre mouvement, La Convention, le 10 juin. Michaël Delafosse y assistera.

À LIRE AUSSILamia El Aaraje : le « bulldozer » du PSQui incarnera cette gauche social-démocrate, européenne et antipopuliste en 2027 ? À Montpellier, plusieurs figures ont interprété, tour à tour, leur solo. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a appelé à mettre en place « une offre politique et un chemin qui passe par la coalition », et qui ne soit pas menée – suivez son regard – par « quelqu’un qui dit : je prends tout, je vous laisse le reste, et je règle mes comptes avec l’Histoire ».

Invitée à s’exprimer sur les mobilités, la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, a lancé un vibrant appel à « résoudre la question sociale » et à s’adresser à « ceux qui ont du mal à nourrir leurs enfants à la fin du mois ». Gros succès également à l’applaudimètre pour le maire de Montpellier, qui a plaidé pour que « la gauche républicaine parle en clarté » sur les sujets de la sécurité et de la laïcité.

À un moment, il faudra trancher la question de l’incarnation.Lamia El Aaraje

Entre toutes ces incarnations possibles, les militants présents n’ont visiblement pas fait leur choix. « Delga a une vision de plus en plus nationale et européenne », estime un jeune militant héraultais. Pour un de ses camarades, c’est plutôt « Nicolas Mayer-Rossignol : il a des qualités de leader, il est capable de fonctionner avec les autres ». Vincent, un quinquagénaire de Clermont-Ferrand, a « beaucoup apprécié l’intervention d’Anne Hidalgo », mais il avoue sa préférence pour « Cazeneuve, qui a une vraie aura d’homme d’État ». D’autres disent hésiter entre Delafosse, Delga ou Mayer-Rossignol.

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« À un moment, il faudra trancher la question de l’incarnation, reconnaît Lamia El Aaraje. Pourquoi pas par une primaire ouverte à toute la gauche… » Quant à Olivier Faure, ils n’ont pas renoncé à le déboulonner. « Dans pas longtemps, il va y avoir un nouveau congrès. Et celui-là, jurent-ils, on va vraiment le gagner ! »




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