quel héritage pour l’Église catholique en Afrique ? | EUROtoday

Get real time updates directly on you device, subscribe now.


Le pape François est mort à Rome, laissant une empreinte sturdy sur le continent africain. Premier souverain pontife originaire de l’hémisphère sud, Jorge Mario Bergoglio avait su nouer un lien singulier avec les sociétés africaines, bien au-delà des seuls cercles catholiques. Porteur d’une parole engagée en faveur des plus vulnérables, il avait conquis une partie du continent par sa simplicité, son discours sur la justice sociale et son consideration constante aux périphéries du monde.

Dès le début de son pontificat, en 2013, le pape « venu du bout du monde » avait multiplié les voyages dans les pays du Sud, avec une consideration particulière pour l’Afrique, où il s’est rendu à cinq reprises : au Kenya, en Centrafrique et en Ouganda en 2015, en Égypte en 2017, au Maroc en 2018, puis au Mozambique, à l’île Maurice et à Madagascar en 2019, et enfin en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud en 2023.

Dans ce continent jeune et en mutation, l’Église catholique ne cesse de gagner du terrain. En 2023, selon les données publiées par le Saint-Siège, près d’un catholique sur cinq vivait en Afrique. Une development constante qui place le continent comme l’un des futurs cœurs démographiques de l’Église.

L’Afrique, nouveau cœur battant du catholicisme

La République démocratique du Congo, avec sa inhabitants nombreuse et sa custom chrétienne solidement implantée, determine en tête : Kinshasa est aujourd’hui considérée comme l’un des plus grands bastions catholiques du monde. Le Nigeria, l’Ouganda, le Kenya ou la Tanzanie suivent de près, dessinant une carte spirituelle dynamique et en pleine recomposition.

« C’est une nouvelle qui trigger beaucoup d’émotions, de tristesse. Il était un homme de Dieu, un saint pape, un humble serviteur », confie au téléphone ce lundi le cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui.

En 2015, François a marqué l’histoire en ouvrant la première porte sainte hors de Rome, dans la cathédrale Notre-Dame de l’Immaculée Conception, en pleine guerre interreligieuse en Centrafrique. « Il a ouvert une brèche dans l’histoire, il a laissé un testomony de fraternité et d’humilité », souligne le cardinal Nzapalainga. Ce voyage à Bangui, à PK5, quartier musulman assiégé et ravagé par la violence, reste gravé dans les mémoires. Le pape n’a pas hésité à aller à la rencontre de l’autre, déjouant les menaces de mort, pour réconcilier. « Voir musulmans et chrétiens s’embrasser… C’était le plus beau jour de ma vie », se souvient-il. Cette scène de fraternité uncommon a redonné espoir à une inhabitants écrasée par des années de conflits. « Il a vécu comme saint François, dont il portait le nom : dans la pauvreté, avec les pauvres », ajoute-t-il.

À ses côtés, des figures politiques se souviennent avec ferveur. Martin Ziguélé, ancien Premier ministre centrafricain, se remémore : « Ce n’était pas un easy voyage diplomatique. C’était un acte de réconciliation. Il a rouvert la voie entre quartiers, rouvert les cœurs. » Le memento de ce second où musulmans et chrétiens ont réinvesti ensemble l’espace public, après des mois de violences, reste pour beaucoup comme un miracle.

Fraternité, paix, vérité : un testomony africain

En République démocratique du Congo, la mémoire de la visite du pape François en janvier 2023 est encore vivace. Le père Alain-Joseph Lomandja, prêtre et determine de la société civile, se souvient d’un discours sans compromis : « Il a dénoncé avec drive le néocolonialisme économique. Il a dit aux prédateurs de retirer leurs mains de l’Afrique. Ce fut un discours marquant, fondateur. Il n’était pas là pour plaire, mais pour dire la vérité. » Un message puissant qui a résonné dans un pays où les violences et l’exploitation des ressources naturelles ont défiguré l’Est. François avait également pris le temps de rencontrer les victimes de la guerre dans cette région dévastée. « Ce n’était pas de la politique, c’était de l’humanité », souligne Lomandja.

L’influence croissante des églises évangéliques en RDC n’a pas érodé le rôle central de l’Église catholique, qui reste un pilier dans l’éducation, la tradition, et comme contre-pouvoir dans un pays où l’État peine à exercer son autorité. À Kinshasa, François avait célébré une messe en plein air devant plus d’un million de fidèles, un second historique. Félix Tshisekedi, le président congolais, a salué l’engagement du pape, soulignant que « sa vie fut un témoignage vibrant de foi, d’humilité et d’engagement pour la paix, la justice et la dignité humaine ».

Donatien Nshole Babula, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo, rappelle que François a œuvré pour renforcer la cohésion entre l’Église, l’État et les autres confessions : « Il a parlé aux puissants comme aux plus faibles, avec la même drive. »

Parmi les héritiers spirituels du pape François sur le continent africain, le cardinal congolais Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, incarne une determine montante. Engagé de longue date pour la paix dans un pays ravagé par des décennies de violences, il est aujourd’hui perçu par plusieurs observateurs comme un attainable futur pape africain pour succéder à François. Ce dernier a d’ailleurs contribué à mettre en lumière la richesse des traditions africaines dans la liturgie catholique. Pour lui, l’inculturation n’était pas un folklore mais une expression profonde de la foi. Il prônait une eucharistie vivante, enracinée dans les réalités africaines. Le cardinal Nzapalainga insiste : « Il a encouragé une foi incarnée, une Église proche des peuples. » Sœur Ghislaine Kahambu, du mouvement des Focolari, abonde dans ce sens : « Il était un architecte de l’unité, un apôtre de la fraternité. Même dans sa manière de nous saluer, on sentait sa compassion. » Et de conclure, bouleversée : « Il a donné son dernier souffle pour l’humanité. »

En Côte d’Ivoire, entre custom pascale et émotion populaire

À Toumodi, au centre de la Côte d’Ivoire, l’ambiance des festivités pascales venait à peine de retomber lorsque les communautés chrétiennes ont appris le décès du pape François. Fidèle à sa réputation, la inhabitants du « V baoulé » a dansé jusqu’au petit matin dans les cours familiales et sur les locations de village afin d’honorer la « Paquinou ». Cet événement teinté de paganisme, à mi-chemin entre fête culturelle et religieuse, est l’un des emblèmes de l’imaginaire populaire ivoirien. « Beaucoup n’étaient pas au courant à trigger des célébrations de Paquinou », confie le père André. « J’ai dû annoncer la nouvelle au début de la messe. Les fidèles ont crié, certains ont pleuré. » Pour lui, les derniers mots du pape résonnent comme une promesse : Dieu est plus fort que la mort.

À Kokumbo, le père Goa exprime son admiration pour la « imaginative and prescient nouvelle de l’Église » incarnée par le pape François. Bien que le pontife n’ait pas marqué les esprits des Ivoiriens de manière aussi tangible que son prédécesseur Jean-Paul II, qui visita le pays à trois reprises (1980, 1985, 1990), François a su conquérir les cœurs par sa proximité spirituelle. Jean-Paul II avait notamment consacré la Basilique Notre-Dame-de-la-Paix, un monument emblématique voulu par Félix Houphouët-Boigny, toujours l’édifice chrétien le plus grand du monde. « Il ne s’est pas imposé, il s’est offert », résume le père Goa.

Au Maroc, le memento d’un bâtisseur de ponts

Au Maroc, le roi Mohammed VI a adressé ses condoléances, évoquant la visite historique du pape en 2019. « Cette visite a consolidé le caractère distingué des relations solides entre le Royaume du Maroc et la Cité du Vatican », a-t-il souligné, ajoutant que cet événement avait posé « les fondations pour la building de passerelles entre les mondes chrétien et musulman ». Elsa Mel, jeune catholique energetic dans la paroisse Saint-Pierre à Rabat, déclare : « Nous avons perdu un pasteur universel, profondément humain, qui a toujours tendu la essential aux minorités. »

Le père Vincent Nourissat, curé de la cathédrale de Rabat, se souvient d’un homme attentif : « Il avait une consideration extraordinaire pour chacun, un regard doux et perçant à la fois. » Le cardinal Cristóbal López Romero, archevêque de Rabat, a salué la mémoire du pape en ces termes : « Le pape François a incarné une Église humble, en sortie, proche des pauvres. Il a ouvert des chemins de dialogue interreligieux essentiels pour notre temps. »

Les moments marquants de la visite du pape au Maroc incluent la célébration de l’Adhan et de l’Ave Maria à l’Institut Mohammed VI pour la formation des imams. « Grâce à l’orchestre philharmonique du Maroc, nous avons entendu l’Adhan, l’Ave Maria et Adonaï chantés en chœur. C’était d’une intensité uncommon, un second de profonde communion interreligieuse », se souvient un participant.

Dès l’annonce de sa disparition, le cardinal Cristóbal López Romero a adressé un message à ses fidèles : « Chers frères et sœurs : le pape est décédé. Prions pour lui, prions pour l’Église. » Il a également appelé à se rassembler dans la prière et annoncé des célébrations officielles en hommage au pape François.

Aujourd’hui, le Maroc compte plus de 30 000 chrétiens sur son sol, originaires de nombreux pays, principalement d’Afrique subsaharienne. Récemment, cette communauté s’est agrandie avec l’arrivée de fidèles venus du Soudan du Sud. Un geste symbolique fort a été fait lors d’une messe, où la liturgie a été célébrée en arabe, langue officielle du Royaume, soulignant ainsi l’ancrage de cette Église dans son contexte native. Cette communauté, en grande partie composée d’étudiants, est soutenue par l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI), qui œuvre activement à renforcer les liens éducatifs et humains entre le Maroc et les pays africains. Des paroisses ont été établies partout où le Royaume construit des universités, y compris à Laâyoune et à Dakhla, dans les provinces du Sud.

Au Soudan du Sud, un geste historique pour la paix

L’évêque Justin Badi Arama, chef de l’Église épiscopale du Soudan du Sud, a rencontré le pape François à deux reprises : à Rome en 2019 pour une retraite œcuménique avec les dirigeants sud-soudanais, puis à Juba en 2023. « Il nous a accueillis dans son appartement personnel. Lorsqu’il s’est agenouillé pour embrasser les pieds de nos dirigeants, j’ai compris la profondeur de son engagement pour la paix », se souvient-il. Ce geste a marqué une génération de responsables religieux et politiques.

Peter Malik Biar, directeur de l’Agence chrétienne pour la paix, faisait partie de la délégation de la société civile reçue par le pape à Juba. « Il insistait sur notre unité comme clé du développement. Il était humble, ému par nos souffrances, et déterminé à soutenir le chemin vers la paix. » Selon lui, la visite papale a insufflé un nouvel état d’esprit dans le pays, malgré les violences persistantes. « Il n’a pas jugé les dirigeants, il leur a simplement demandé de se montrer unis. Cela les a contraints à une forme de cohérence. »

Pour Kiden Viola Lubang, jeune catholique et communicante au Conseil des Églises, la venue du pape a été un électrochoc. « Il nous a donné de la visibilité. Le fait qu’il soit venu dans un pays aussi fragile a ravivé notre foi et notre engagement. » Son message de paix proceed d’influencer les discours politiques, et sa mort, selon elle, pourrait raviver la volonté collective de respecter son héritage. « Nous avons pu le décevoir de son vivant, mais nous devons désormais être à la hauteur de son message. »

Mais cette proximité avec l’Afrique n’a pas empêché certaines frictions. En décembre 2023, la publication du doc Fiducia supplicans a ouvert une brèche dans l’Église en autorisant la bénédiction des {couples} de même sexe, un geste jugé trop audacieux par des catholiques conservateurs du continent. Un sujet qui reste hautement wise dans de nombreux pays africains où l’homosexualité est encore largement rejetée.

Lundi, Mahamoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’Union africaine, a salué l’engagement courageux du pape François en Afrique, soulignant son rôle essential dans la défense de la paix et la solidarité envers les plus vulnérables. De son côté, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a rendu hommage à une « determine spirituelle majeure », tandis qu’Alassane Ouattara, président ivoirien, a loué son rôle d’« artisan de paix et de justice sociale ». Le président togolais, Faure Gnassingbé, a évoqué l’« empreinte profonde » laissée par le pape.


À Découvrir



Le Kangourou du jour

Répondre



Au Gabon, Brice Oligui Nguema a exprimé ses condoléances à la communauté catholique, saluant son message de foi et d’humilité. Le président malgache Andry Rajoelina a, quant à lui, rappelé que la visite du pape à Madagascar en 2019, où il avait dénoncé la pauvreté et la déforestation, fut un « second historique d’unité et de grâce ».

Le monde catholique, à l’picture de l’Afrique, se tourne désormais vers l’avenir. « Nous allons confier l’Église à Dieu », a déclaré le cardinal Nzapalainga avant de s’envoler pour le Vatican, où s’ouvre un conclave placé sous le sceau du deuil, mais aussi de l’espérance. L’héritage de François, fait de fraternité et d’engagement auprès des plus vulnérables, airplane déjà sur les débats à venir.


https://www.lepoint.fr/afrique/mort-du-pape-francois-quel-heritage-pour-l-eglise-catholique-en-afrique-22-04-2025-2587952_3826.php